Description
Le presbytère de l’église Notre-Dame-de-la-Purification de Paspébiac est une résidence à caractère religieux. Ancienne demeure curiale, elle se situe en retrait de la voie publique, sur un terrain paysager planté d’arbres matures, en lisière de la baie des Chaleurs. Construit en 1929, le presbytère fait plus largement partie de la paroisse de Notre-Dame-de-la-Purification de Paspébiac, érigée canoniquement en 1860.
Ce presbytère fait partie d’un ensemble comprenant l’église, construite en 1960, ainsi que l’ancien couvent, maintenant reconverti en hôtel de ville. Cet arrondissement a été cité comme « aire patrimoniale et touristique » par la Ville de Paspébiac en 2003. En 2009, la Ville créait un nouveau quartier, le Vieux-Paspébiac, pour encercler son noyau villageois.
Ce bien immobilier est cité immeuble patrimonial depuis 2008. La protection s’applique à l’enveloppe extérieure du bâtiment. Il est également mentionné dans un important inventaire du patrimoine immobilier réalisé en 1990 ainsi que l’Inventaire du patrimoine architectural de la Gaspésie de 1997.
Éléments caractéristiques
Les éléments caractéristiques du presbytère de Paspébiac liés à ses valeurs architecturale, historique et paysagère comprennent, notamment :
- son volume, dont le plan carré, l’élévation de deux étages et demi, le toit en pavillon tronqué ainsi que la galerie couverte surmontée d’un balcon;
- les matériaux, dont la couverture en tôle posée à la canadienne ainsi que les éléments ornementaux et architecturaux en bois;
- les ouvertures, dont les portes à imposte vitrée et à baies latérales, les fenêtres rectangulaires, les lucarnes engagées à demi-croupe ainsi que la lucarne triangulaire percée d’une ouverture pentagonale;
- l’ornementation sobre, dont les supports et l’entablement, le garde-corps ainsi que le mât;
- les annexes à un ou deux étages, adossées au mur arrière ou au mur latéral;
- sa situation en retrait de la voie publique, sur un terrain paysager, à proximité de la baie des Chaleurs, dans un secteur ancien de la ville;
- sa localisation dans un ensemble paroissial formé également d’une église et d’un cimetière comprenant un calvaire.
Détails architecturaux
Le presbytère de l’église Notre-Dame-de-la-Purification de Paspébiac a été construit en 1929 selon les plans des architectes Pierre Lévesque et Venne. Les plans du bâtiment révèlent qu’il a été construit en brique, à deux étages et demi et à toit en pavillon tronqué, et qu’il a été agrandi en 1947-1948.
Une galerie couverte surmontée d’un balcon longe la façade. Des annexes à un ou deux étages sont adossées au mur arrière et latéral. Les ouvertures, de forme rectangulaire, ont une modulation à coulisse basse. Des lucarnes engagées en demi-croupe ainsi qu’une lucarne triangulaire percée d’une ouverture pentagonale agrémentent sa toiture, recouverte de revêtement métallique en tôle posée à la canadienne et en tôle à baguettes. Le revêtement extérieur est en planches à clins de vinyle, et les ornementations, très sobres, sont en bois.
Les fondations sont en béton coulé et peint, et sont coiffées d’un solinage métallique. Elles sont partiellement recouvertes par la véranda. Les murs du sous-sol sont en béton brut. Les planchers sont en structure de bois, et la structure du toit l’est également. Une grande partie de la brique qui lambrisse le bâtiment a été retirée pour faire l’installation du revêtement de vinyle, à l’exception d’en dessous du porche. Des fenêtres d’origine, toutes faites de bois, sont toujours présentes dans la véranda. À l’origine, celles-ci étaient à battants, à quatre carreaux, avec imposte. Les portes extérieures sont en bois. Il y a quatre lucarnes dans la toiture, et elles sont recouvertes d’acier. L’escalier monumental montant au premier étage est en bois et comporte des mains courantes ouvragées qui sont en bon état. Plusieurs types de planchers composent le presbytère : en bois franc vernis, en linoléum (dans la véranda), en prélart (dans la cuisine), en vinyle (dans les salles de bain).
Sur presque toutes les surfaces, le plafond est en tuiles acoustiques rectangulaires. Le plafond d’origine est à couvre-joint.
Entre 1960 et aujourd’hui, des travaux majeurs ont été réalisés sur le presbytère. Le revêtement extérieur a été remplacé ainsi que la plupart des ouvertures. Des travaux intérieurs ont aussi été réalisés, surtout au rez-de-chaussée, privant le bâtiment de ses éléments architecturaux caractéristiques et patrimoniaux. La grange, qui est mentionnée dans la fiche patrimoniale, a été démolie pour faire place au centre culturel.
L’intérieur du presbytère comporte toujours plusieurs portes d’origine. Elles sont de plusieurs genres : capitonnées, en bois à caissons, en panneaux durs (Masonite) et en aluminium. Elles ont encore leur quincaillerie d’origine.
Autrefois, le presbytère s’harmonisait avec l’église originale en brique identique. Néanmoins, cette dernière a été remplacée par une église plus moderne en pierre.
2 373,82 pieds carrés
Béton
Béton
Béton
Brique
Bois mou
Tôle
Brique
Plaque de plâtre
Tuile (50 %), tapis (50 %)
Plaque de plâtre
Plaque de plâtre
Fonte
Cuivre
Bois mou
Bois mou
Statuts
- Statut : Cité
- Catégorie : Immeuble patrimonial
- Autorité : Ville de Paspébiac
- Date : 2008
Valeur patrimoniale
Le presbytère de Paspébiac présente un intérêt patrimonial pour sa valeur architecturale comme exemple représentatif d’un type d’architecture résidentielle très répandu dans la première moitié du 20e siècle, soit la maison cubique. Ce modèle, communément appelé « four square houses » aux États-Unis, est mis au point vers 1890. Il est ensuite largement diffusé grâce aux catalogues d’architecture et il devient rapidement très populaire dans toute l’Amérique du Nord grâce à son volume simple et spacieux. Une ornementation sobre ou élaborée peut y être appliquée. La maison cubique se fait connaître au moment où l’architecture domestique s’industrialise. Son apparition coïncide avec l’arrivée sur le marché de matériaux et d’éléments préfabriqués offerts par catalogue. Le presbytère de Paspébiac constitue un bon exemple de maison cubique, notamment par son plan carré, son élévation de deux étages et demi, son toit en pavillon tronqué ainsi que la galerie couverte surmontée d’un balcon, qui longe la façade principale. Il témoigne de l’utilisation de ce type architectural résidentiel dans la région de la Gaspésie au cours des premières décennies du 20e siècle.
Le presbytère de Paspébiac a également une valeur symbolique forte sur le plan religieux. Dans les paroisses du Québec, le presbytère est la demeure du curé, personnage influent et respecté représentant l’évêque et l’Église. Le rez-de-chaussée répond aux fonctions publiques; il compte habituellement un bureau où sont reçus les fidèles. L’étage supérieur est doté d’un caractère plus privé; il abrite les chambres du curé ainsi que celles réservées à l’évêque et aux visiteurs de passage. Le presbytère de Paspébiac rappelle l’importance du presbytère dans la vie paroissiale, notamment par ses dimensions imposantes qui en font une des plus grandes résidences de la localité.
Ce bâtiment présente également un riche intérêt patrimonial au regard de l’histoire de sa paroisse. En effet, la paroisse Notre-Dame-de-la-Purification est érigée en 1796, et son premier missionnaire résident sera l’abbé François-Xavier Tessier (1815-1890) en 1845. Paspébiac sera desservie par voie de mission de 1796 à 1860. La paroisse a été érigée canoniquement le 28 mars 1860 par Mgr Pierre-Flavien Turgeon, archevêque (1850-1867), et les registres ouvrent la même année. Son premier curé résident arrivera en 1861; il s’agira de l’abbé Charles-Godefroi Fournier.
Le presbytère de Paspébiac présente aussi un intérêt patrimonial pour ses valeurs historique et paysagère reposant sur son implantation. Le bâtiment est situé en retrait de la voie publique, sur un terrain paysager jouxtant l’église et à proximité du cimetière où se trouve un calvaire. Ces éléments forment le noyau religieux de la paroisse de Notre-Dame-de-la-Purification, aménagé à cet endroit depuis la seconde moitié du 19e siècle. La localisation du presbytère près de la baie des Chaleurs contribue également à son intérêt. Une statue de la Sainte Vierge figure également parmi les éléments.
Dans l’Inventaire du patrimoine architectural de la Gaspésie de 1997, la valeur didactique et l’état de conservation du presbytère sont considérés comme excellents. Son potentiel touristique est également évalué comme étant bon.
Informations historiques
Le presbytère actuel a été bâti en 1929 à la demande de Mgr Matte, mais il y a eu, avant lui, plusieurs autres presbytères. Dans un rapport sur les missions du diocèse de Québec de 1861, on mentionne la construction d’un nouveau presbytère à Paspébiac, sous l’égide du curé Fortin. Celui-ci a également été rénové en 1896 par Joseph Georges Bussières, qui lui fera des ajouts majeurs.
En 1957, l’église paroissiale est détruite par un incendie qui endommage aussi le presbytère. Des travaux de réparation sont effectués sur la maison curiale, puis le lieu de culte est reconstruit entre 1958 et 1960.
Le presbytère fera prochainement l’objet d’importants travaux de restauration qui seront accompagnés d’une reconversion du lieu.
Références
CROFT, Marie-Josée. Carnet de santé du presbytère de Paspébiac, Écobâtiment, octobre 2009.
CARON, Alain. Répertoire des plans d’églises et de presbytères du Diocèse de Québec, Québec, Université Laval (CELAT), Archidiocèse de Québec, janvier 1996. https://archivesacrq.org/wp-content/uploads/2013/11/R%C3%A9pertoire-des-plans-d%C3%A9glises-R-1.pdf
Monographie de Paspébiac
Répertoire Sigale
Site de la Ville de Paspébiac
HORTH, Martine. Paspébiac et ses environs. Rimouski, Collège de Rimouski, 1977. s.p
Rapport d’évaluation de Bossut, Laporte, Lessard et Associés datant de 1979
Archives du diocèse de Gaspé