La Barge, le CREA et le Cercle des fermières de Paspébiac

Quand le communautaire et l’art vont main dans la main

On doit aux femmes de Paspébiac une contribution impressionnante à l’essor artistique et social de la ville. Par leur engagement communautaire, les différents organismes que sont la Barge, le CREA et le Cercle des fermières ont contribué à l’essor des droits des femmes à Paspébiac.

Le CREA et la Barge
1982. Photo d’une section d’un dépliant de Paspebiac représentant La Barge dans le Hangar du site historique.

Le CREA, soit le Centre de recherches et d’artisanat, a ouvert ses portes en 1972 sous l’impulsion de citoyennes et de citoyens qui désiraient avoir un espace de création à Paspébiac.

À vrai dire, le CREA de Paspébiac doit son existence à un projet de relance des métiers d’art dans l’Est-du-Québec, en 1971. Un an plus tard, 12 CREA sont mis en place par la Centrale d’artisanat du Québec. 

En 1972, les 12 CREA du Québec exposent à Bonaventure et, un an plus tard, au tout premier Salon des métiers d’art de Québec.

Le CREA exercera d’abord ses activités dans l’ancienne école de Paspébiac-Ouest, aussi appelée « La Barge » (l’actuelle Marinière). Fondé par Marguerite Poirier-Nadeau et Thérèse Allard, il constituait un lieu où les artisans pouvaient créer, exposer et vendre leurs pièces d’art. Des ateliers étaient offerts pour perfectionner les compétences des artisans, formant un véritable incubateur d’expression artistique pour la communauté. Forte de sa popularité, la Barge attirera ainsi de nombreux clients et touristes.

Avec le temps s’ajouteront aussi une boîte à chansons, un casse-croûte et même… des services de cartomancie!

Un article dans le Décormag de juin 1975. Source : collections de BAnQ.

En 1975, comme le témoigne l’article ci-dessus, une exposition du CREA est tenue dans la polyvalente de Paspébiac. L’article souligne également que le CREA est alors propriétaire de la Poudrière, et qu’une poupée a été faite à l’effigie de la Barge, nommée « La Bargette ».

La même année, Cyril Simard signe un article fort élogieux au sujet du CREA. L’auteur salue le modèle de gouvernance locale des CREA, la présence de plus de 75 artisans, la présence d’ateliers et de cours d’art plastique pour les plus jeunes, le succès du casse-croûte et de la boîte à chansons, laquelle était jadis située dans l’entrepôt de la compagnie Le Boutillier Bros.

En 1981, la Barge déménage et se retrouve dans l’actuel Hangar Le Boutillier, où le CREA continue de tenir ses activités. Sa date de fermeture est inconnue, mais en 1984, la Barge se trouvait toujours dans le Hangar du Site historique et elle était partiellement gouvernée par des membres du Cercle des fermières.

Article de Cyril Simard dans Décormag de mai 1975. Source : collections de BAnQ.

Il existe un lien étroit entre le Comité de sauvegarde des bâtiments de l’actuel Site historique et le CREA. En effet, en 1973, il est souhaité que les bâtiments soient rénovés pour y accueillir, entre autres, le CREA et la Barge.

Dans la brochure Des bâtiments historiques à l’abandon, un texte daté d’avril 1973 et écrit par Fernand Alain, « Tachkibiak et ses bâtiments », précise les objectifs du projet autour de l’attractivité touristique et afin de créer un point de vente pour le CREA. Des utilisations possibles pour les bâtiments sont abordées: musée, site naturel, etc.

Plusieurs membres du CREA, dont Alma Nadeau et Thérèse Allard, feront ainsi partie du comité pour la sauvegarde des bâtiments, fondé en 1976. Ce sont eux qui jetteront les bases d’une démarche citoyenne de classement et de restauration des bâtiments. Le Hangar Le Boutillier, l’un des premiers bâtiments existants, se transformera en local d’artisanat pendant un court moment, au début des années 1980.

L’identité visuelle des 12 CREA.
Un exemple de carte de membre. Source : Roseline Joseph.
Témoignages de citoyens

Josée Horth :

« La Barge existait bien avant ça! Peut-être en 1972, 1973… on y allait TOUS les jours! Plus tard, madame Jeannine Alain avait un genre de petit casse-croûte, en bas, elle faisait un super bon pouding chômeur! Il y avait aussi des spectacles en été. »

Roseline Joseph :

« [En réponse à Josée Horth] oui, bien avant 1978. Je me souviens d’être allée voir Thérèse Arsenault pour lui montrer mes créations sur pierre avec des os de poissons. Elle m’avait dit : “Trouve une façon de les accrocher et reviens me voir.” Ce que j’ai fait. C’était vers 1972. J’ai fourni la Barge pendant longtemps.»

Wilfrid Joseph :

« Que de souvenirs! La boîte à chansons, le casse-croûte, les ateliers d’artisanat, tout cela mené par Thérèse Allard, bien entourée de Marguerite Poirier, Cécile Loisel, Alma Poirier... »

Roseline Labourdette :

« Sans oublier Bernard Horth, notre liseur de cartes tarot et de boule de cristal. »
Vaillantes pionnières
  • Thérèse Allard
  • Alma Poirier Nadeau
  • Marguerite Poirier Nadeau
  • Fernand Alain
  • Rita Whittom
  • Violette Bourdages
  • Cécile Loisel
  • Enid Legros-Wise

et tant d’autres…

Thérèse Arsenault au Salon des métiers d’art de Québec, vers 1973-1976?
Le Cercle des fermières de Paspébiac
Image tirée du livre commémoratif pour le 25e anniversaire du Cercle. Les membres du Cercle en 1959.

Le Cercle des fermières de Paspébiac a été fondé en 1959 par Anna Lemarquand. Il approvisionnera la Barge et plusieurs des membres feront également partie du CREA. Il participera également à l’exposition artisanale (NDLR : On ne sait pas laquelle, peut-être le Salon des métiers d’art?).

On mentionne que tous les documents couvrant la période du 3 août 1959 au 19 août 1972 ont été détruits lors de l’incendie de la demeure de Cécile Loisel.

En 1962, la Fédération des comtés de Bonaventure, Gaspé-Sud et Gaspé-Nord se réunit à Paspébiac. Les Fermières y présentent « une parade de toilettes » et un trousseau de baptême « à l’ancienne mode », entre autres. On y présente même une trousse d’urgence pour les bateaux de pêche! 

En 1972, Alma Nadeau, présidente du Cercle des fermières de Paspébiac, annonce la création du CREA. Source : L’artisanat québécois, Cyrille Simard.

Un livre existe sur le Cercle des fermières, créé pour le 25e anniversaire de sa fondation en 1984. Dans l’introduction, on touche quelques mots sur les objectifs de ce Cercle :

  • Aux intérêts de la femme et de la famille;
  • Au développement de la culture personnelle;
  • À l’implication dans les différentes sphères socioéconomiques;
  • À l’enseignement et à la promotion des arts ménagers;
  • À la transmission de notre patrimoine.

Au fil du temps, les Fermières développeront des projets tels qu’un radiothon avec le Club Richelieu, des formations avec le Centre local d’emploi et la Commission scolaire, en plus d’activités avec la Polyvalente de Paspébiac.

Voici les premières femmes membres du Cercle des fermières :

Dans les années 2000, le Cercle des fermières déménage dans ce bâtiment, au coin de la rue Maldemay et de la 2e Avenue. Source : Yves Huard.

Dans les dernières années de son existence, le Cercle des fermières octroiera une somme pour la mise en place du Café culture, dans le Centre culturel de Paspébiac. Après des années de dévouement communautaire, le Cercle cesse ses activités et disparaît du Registraire des entreprises en 2016

Témoignage d’un citoyen

Robert Aspirot (parlant du bâtiment au coin de la rue Maldemay et de la 2e Avenue) :

« On en a passé des fins de semaine dans ce sous-sol à faire des couvertures avec le métier à tisser! »
Petite poupée vendue au CREA et fabriquée par Léonie Lebrasseur.
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