Chansons et danses traditionnelles

Giguer et chanter, c’est dans notre sang!

Plusieurs chansons et danses traditionnelles ont été collectées à Paspébiac. Quelques informatrices de choix, comme Angélique Parisé, ont chanté des centaines de pièces typiquement gaspésiennes devant la célèbre ethnologue Carmen Roy. En voici quelques-unes.

Les chansons traditionnelles

Avez-vous consulté notre page « D’incroyables citoyens »? Dans celle-ci, on vous parle un peu d’Angélique Parisé, folkloriste de Paspébiac. Presque aveugle, cette vaillante dame a livré à Carmen Roy une centaine d’enregistrements, dont quelques-uns que nous vous présentons ci-dessous.

La nouvelle Amérique

Cette chanson vient de la famille de Denis Chapados et a été donnée gracieusement à la Ville de Paspébiac par Thérèse Chapados.

« La nouvelle Amérique, pour tous ces voyageurs est un lieu de supplice,

Pas besoin d’avoir peur.

Oh ! Que c’est ennuyant de se voir éloigner, là-bas dans ces chantiers l’espace d’une journée.

Ils ont beau de me dire de ma blonde je m’ennuie, d’mon père aussi d’ma mère, bien d’autres de mes amis.

Oh ! que l’papier est rare dans ce beau Canada, surtout l’papier à lettres, ma blonde elle n’m’écrit pas.

C’est à vous jeunes demoiselles, laissez-vous pas charmer, laissez-vous pas charmer par tous ces voyageurs.

Ils veulent vous amener dans des petits coins noirs, afin d’vous faire accroire qu’ils veulent vous marier.

C’est à vous mère de famille, prenez bien garde à ç’là.

Laissez pas sortir vos filles avec toutes sortes de gars.

Ils vous ont l’air tranquilles quand ils sont devant vous.

Mais ils caressent vos filles aussitôt sorti d’chez-vous.

La chanson fut composée par moi jeune voyageur, assis sur l’pied d’mon lit ayant la peine au cœur.

Mon nom est René, René est mon nom.

Mon séjour à Gaspé, mes plaisirs mes amours.

Mon nom est René, René est mon nom.

Mon séjour à Gaspé, mes plaisirs mes amours. »

Mon père me maria

Cette chanson est tirée de la Monographie de Paspébiac.

« Mon père me maria avec un avocat,

Le soir de mes noces avec lui je coucha,

Il me serra si fort que le lit en tremblât.

Refrain : veux-tu t’ôter,

Puis ôte-toi donc,

Puis ôte tes mains de là.

Il me serra si fort que le lit en tremblât,

Mon père qui était là,

Qui entendait tout cela.

Mon père qui était là,

Qui entendit tout cela,

Il dit : « Endure ma fille, de cela on ne meurt pas. »

Il dit : « Endure ma fille, de cela on ne meurt pas. »

Si parfois tu viens qu’à mourir,

On fera une prière aux pieds d’Saint-Nicolas. »

Ivrogne, à quoi sert-il de tant boire?

Cette chanson « de boisson » se retrouve originalement aux environs de Genève, en Suisse. Une douzaine de versions existent au Québec, et spécifiquement en Gaspésie : à L’Anse-aux-Gascons, à Paspébiac, à Port-Daniel, à Rivière-au-Renard, à Cap-Chat, à Saint-Joachim-de-Tourelle… et à Rigaud!

La communication

Cette chanson est tirée de la Monographie de Paspébiac.

« C’est dans le village de Saint-Laurent,

Savez-vous ce qui a été inventé,

C’est une machine bien formidable,

C’est la machine à téléphoner.

Refrain : On pèse sur un petit bouton électrique mais,

C’est pas là qu’on communique,

C’est en pesant sur ce petit bouton

Qu’on est en communication,

Hallo! Hallo! Qu’elle me répond,

Oh! Dieu que c’est bon d’être en communication.

Le premier soir de mes noces,

Savez-vous ce que ma vieille m’a demandé,

Elle me répond oh! Dieu que c’est bon

D’être en communication.

C’est un vieillard de 90 ans,

Qui voulait encore téléphoner,

Il demande à la vieille si elle en avait autant,

Si elle pouvait communiquer,

Ce vieux qui possédait ce téléphone,

Qui n’était rien de drôle pour satisfaire son opinion,

Se met en communication.

Pesant sur ce vieux bouton électrique,

Hallo! Hallo! Hallo! Hallo!

Elle me répond que c’est magnifique,

Hallo! Hallo! Hallo! Hallo!

Elle me répond,

Tu n’es plus bon,

Tu n’as plus de communication. »

La complainte du soldat

Cette chanson vient de la famille de Denis Chapados et a été donnée gracieusement à la Ville de Paspébiac par Thérèse Chapados.

« Madame je suis tout égaré, ah ! donnez-moi fidélité.

Je suis un soldat militaire, je ne connais personne ici.

Madame, donnez-moi un logis

Mon cher monsieur, quand je vous vois, vous m’faites penser à mon cher fils.

Il s’est engagé pour la guerre, il est parti dans l’fond du Nord.

Oh ! ma foi, je crois qu’il est mort.

Madame votre fils n’est pas mort, je crois bien qu’il existe encore.

Je l’ai vu dans la Russie, il m’a donné ces compliments

Pour venir vous les faire en passant.

Puisque vous avez vu mon fils, vous coucherez dedans son lit.

Passez par ici par cette porte, passez votre chaise par ici.

Venez souper mon bon ami.

Ma très chère mère, v’nez dans mes bras.

Je suis votre fils Nicholas, moi qui vous ai causé tant de peines.

Je viens pour essuyer vos pleurs.

J’ai remporté la croix d’honneur. »

Mon bien-aimé

Cette chanson vient de la famille de Denis Chapados et a été donnée gracieusement à la Ville de Paspébiac par Thérèse Chapados.

« Derrière chez-nous, il y a un beau parterre rempli de fleur et de rosiers d’amour.

Derrière chez-nous, il y a un beau parterre rempli de fleur et de rosiers d’amour.

Je te trouve  jolie à présent tu n’es plus pour moi.

Je te trouve jolie à présent tu n’es plus pour moi.

Je m’en irai avec mon verre et ma bouteille, j’irai la voir ma bien-aimée.

Je m’en irai avec mon verre et ma bouteille, j’irai la voir ma bien-aimée.

Je te trouve  jolie à présent tu n’es plus pour moi.

Je te trouve jolie à présent tu n’es plus pour moi.

Je m’en irai sur la plus haute montagne, j’irai pleurer le reste de ma vie.

Je m’en irai sur la plus haute montagne, j’irai pleurer le reste de ma vie.

Je te trouve  jolie à présent tu n’es plus pour moi.

Je te trouve jolie à présent tu n’es plus pour moi. »

Ma maîtresse

Cette chanson vient de la famille de Denis Chapados et a été donnée gracieusement à la Ville de Paspébiac par Thérèse Chapados.

« Passant par la grande rue, j’ai vu une clarté. (bis)

La clarté d’ma maîtresse qui vient de se coucher. (bis)

C’est qui frappe à ma porte, trois petits coup frappa. (bis)

Ouvrez-moi donc la porte, ma belle, c’est votre amant qui revient de la guerre du joli régiment (bis)

Maman qu’est dans sa chambre, qui est un peu plus haut (bis)

Elle a barré la porte, elle emporté la clé (bis)

Si j’frappe à la fenêtre, belle me la rouvrez-vous (bis)

Je suis couvert de neige, de l’eau jusqu’au genou, voici la récompense que j’ai reçu de vous. (bis)

L’oiseau qu’est dans sa cage, qui est un peu plus haut (bis)

Galant tu pers tes peines, galant tu pers ton temps (bis)

Si j’ai perdu mes peines, j’ai bien passé mon temps (bis)

T’en souviens-tu ma belle, quand nous étions tous deux, le soir à la chandelle comme deux jeunes amoureux (bis) »

L’ivrogne et le pénitent

Cette chanson vient de la famille de Denis Chapados et a été donnée gracieusement à la Ville de Paspébiac par Thérèse Chapados.

« Le soleil se leva, il ne fit pas si noir.

Moi, je n’suis pas si saoul que j’étais hier soir.

Le vin charma la vie.

Buvons sans perdre la raison.

D’où viens-tu toi qui viens en chantant ?

D’où viens-tu toi qui soupire ?

Je suis un pauvre pénitent qui vient de pleurer sa vie.

Je la pleure moi aussi.

Distinguons-nous tous les deux.

Je pleure lorsque le vin me sort par les deux yeux. (bis)

Je couche sous un grabat

Moi souvent dans les rues.

Je n’fais qu’un seul repas tout le long du carême.

J’en fais un seul moi aussi.

Tu ne fais que de boire.

Je commence le matin et je finis le soir. (bis)

Pense donc  tu dois mourir.

Je dois mourir à table.

On dépos’ra ton corps dans le fond d’une fosse.

Ah non ! Tu as menti.

Ou le dépos’rons-nous ?

Dans le fonds d’une cave à travers les flacons. (bis)

Ton âme ira au feu.

J’essayerai de l’éteindre.

Ce feu ne s’éteint pas car il brûle sans cesse.

J’emport’rai du bon vin.

Ce vin te brûlera.

Ah non ! J’en boirai autant qu’il me rafraîchira. (bis)

Adieu ivrogne, adieu.

Adieu frère hypocrite.

Tu t’éloignes de ton Dieu pour ces barriques.

Parmi les cent buveurs.

Les cent buveurs sont comme toi.

Peux-tu les condamner s’ils boivent autant que moi. (bis)

(C’est la femme qui commence à chanter)

La bergère muette

Cette chanson, qui a été narrée par plusieurs folkloristes, dont Angélique Parisé, possède plusieurs significations. Une apparition se présente devant une bergère muette : c’est la Sainte Vierge qui lui demande un agneau. Notre bergère demande à son père si elle peut lui donner, rompant son mutisme, ce à quoi son père acquiesce, croyant à un miracle. Puis, la bergère décède, une lettre à la main…

On chante cette chanson depuis plusieurs siècles. Elle tirerait possiblement ses origines de la Provence ou la Gascogne. Carmen Roy en enregistrera plusieurs versions, dont celle d’Octave Miville, de Pierre E. Arbour et d’Angélique Parisé.

La complainte de Cadieux

Cette complainte porte sur un homme qui, quittant sa cabane quelque temps, voit sa mort arriver à grands pas. Au début, il voit un feu au loin qui semble brûler sa cabane; il craint que les Iroquois aient pris sa demeure. Puis, il voit plusieurs animaux entourer son logis, dont un noir corbeau, un « mangeur de chair humaine », et sent qu’il s’agit de ses derniers moments.

Jean Cayeux aurait été un voyageur canadien, un chasseur et un travailleur des pelleteries qui, logé dans un camp, aurait été encerclé par des Autochtones. Face à la menace, il aurait envoyé toute sa famille en canot sauf lui-même. Sautant sur une roche en plein milieu de la rivière, désespéré, il aurait vu une apparition de la Vierge Marie, à l’origine de la présente légende. Pendant des mois, il aurait tenté de retrouver sa famille, sillonnant les bois et se construisant un abri de fortune. C’est sur la destruction de cet abri de fortune que la légende porte.

 

Blanche comme la neige

Dans cette légende, on raconte l’histoire d’une femme qui s’endort sur un beau lit de roses. Courtisée par un jeune capitaine, elle se rend avec lui à Paris. Mais en plein milieu du repas, la belle décède à l’âge de 15 ans. On l’enterre sous un pommier, dans le jardin de son père. Mais au bout de trois jours, alors que son père se promène dans le jardin, elle le supplie d’ouvrir la tombe. Elle a en effet fait semblant d’être morte pour préserver son honneur.

Plus d’une centaine de versions de cette légende existent en France, au Québec, en Italie, en Espagne et en Suisse!

Elle existe aussi sous la variante suivante. Il s’agit d’une chanson provenant de la famille de Denis Chapados et gracieusement donnée à la Ville par Thérèse Chapados.

 

« La belle est endormie dans un beau lit de roses.

La belle est endormie dans un beau lit de roses.

Dans un beau lit de roses qui est plus beau que le jour avec trois capitaines

Qui lui feraient l’amour, avec trois capitaines qui lui feraient l’amour.

Le plus jeune des trois la prend par sa main blanche.

Le plus jeune des trois la prend par sa main blanche.

La prend l’embarque sur son cheval blanc, l’amène tout droit à son logis.

La prend l’embarque sur son cheval blanc, l’amène tout droit à son logis.

Quand la belle fut rendue, il faut se mettre à table.

Quand la belle fut rendue, il faut se mettre à table.

Souper, souper la belle prenez vos appétits, avec trois capitaines vous y passerez

La nuit, avec trois capitaines vous y passerez la nuit.

Quand la belle entendu ç’la, la belle, elle tomba morte.

Quand la belle entendu ç’la, la belle, elle tomba morte.

Sonnez, sonnez les cloches, trempez le diamant.

Lorsque la belle est morte, moi j’n’ai pas le cœur content.

Lorsque la belle est morte, moi j’n’ai pas le cœur content.

Et ou l’enterrions-nous, dans l’jardin de son père.

Et ou l’enterrions-nous, dans l’jardin de son père.

En d’sous d’un pommier gris, nous prierons Dieu pour elle.

Pour qu’elle aille au paradis, pour qu’elle aille au paradis.

Au bout de deux, trois jours, son père qui se promène.

Au bout de deux, trois jours, son père qui se promène.

Ouvrez, ouvrez ma tombe, cher père si vous m’aimez.

Trois jours, j’ai faite la morte pour mon honneur gardé.

Trois jours, j’ai faite la morte pour mon honneur gardé. »

En roulant ma boule

Cette chanson s’intitule également Trois beaux canards. Dans un étang, trois canards se baignent, mais le fils du roi tue le canard blanc, ce qui est problématique, puisqu’il lui portait chance. Des diamants sortaient de ses yeux, et par son bec, l’or et l’argent. Diantre!

Cette légende tirerait ses origines de l’Italie ou de la France, et remonte aussi loin qu’au 15e siècle. Il est possible qu’elle ait accompagné les canoteurs pendant qu’ils pagayaient, et possiblement les coureurs des bois, des prairies et de la montagne.

Le tambour

Dans cette chanson, un tambour désire courtiser la fille du roi avec ses trois navires : un pour naviguer, l’autre pour les marchandises et le troisième pour porter « sa mie ». Devant le refus du père de lui céder sa fille, le tambour refuse de jouer et quitte la scène. Enfin, il finit par avouer que son père est le roi d’Angleterre!

Cette chanson fait clairement référence aux rivalités entre Français et Anglais. On en compte plusieurs versions en Acadie, au Québec et en Louisiane. Elle est aussi chantée largement en Gaspésie.

À la claire fontaine

Cette chanson a-t-elle besoin d’une présentation? Étant l’une des plus connues du répertoire québécois, on dit qu’elle a accompagné les travailleurs dans la construction de leurs maisons, au cœur des forêts denses, et dans la pratique des métiers traditionnels. Véritable hymne pour la francophonie, cette chanson est largement chantée, et ce, depuis le 15e siècle.

Les danses traditionnelles

Un set carré paspéya!

Le saviez-vous? Paspébiac possède son propre set carré! Cette danse n’est plus tellement dansée aujourd’hui, mais elle a été transcrite et illustrée par Lucille Arsenault dans son carnet de stage Danse Neige, paru en 1994, pour le camp Notre-Dame de Saint-Liguori.

Les gigueurs
Raoul Holmes, 12 ans, dansant une gigue. Source : Carmen Roy - 1958, MCH.
Alfred Barthelot jouant de son violon. Source : MCH.
Les pieds de Raoul Holmes dansant une gigue. Source : MCH.
Les pieds de Raoul Holmes dansant une gigue. Source : MCH.
Les pieds de Raoul Holmes dansant une gigue. Source : MCH.
Les pieds de Sylvia Daraîche dansant une gigue. Source : MCH.
Les pieds de Sylvia Daraîche dansant une gigue. Source : MCH.
Sylvia Daraîche, 10 ans, dansant une gigue. Source : MCH.
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