L’orgue Casavant de 1987, opus no 3628, de l’église Notre-Dame-de-la-Purification de Paspébiac a été fabriqué par Casavant Frères (1879-) entre 1985 et 1987. Il s’agit d’un orgue électropneumatique de 36 jeux répartis sur 3 claviers et pédaliers, et à 2 396 tuyaux, le seul du genre au pays. Il s’agit également du seul orgue au Canada placé à l’avant de la nef.
Il fait partie intégrante des éléments patrimoniaux qui constituent l’héritage religieux de Paspébiac. De conception classique française, il accompagne les événements liturgiques de la paroisse depuis son inauguration en juin 1987. La variété de ses jeux permet d’embrasser la totalité du répertoire composé pour l’orgue à tuyaux. La composition sonore a été suggérée par Jean-Claude Gauthier, l’harmonisation, par Gérald Archambault et Alain Gagnon, et les tailles, par Jean-Louis Coignet, directeur tonal.
Il s’agit du troisième orgue de la paroisse. Il a été inauguré par l’organiste Cécile Aspirot, qui en est toujours la conservatrice à ce jour.
La valeur patrimoniale de cet orgue tient essentiellement de son unicité et de la singularité de la présence de cet instrument. Par ses hautes qualités techniques, il accompagne la vie religieuse depuis plusieurs années. En effet, des concerts d’orgue avec des organistes de renommée internationale étaient présentés dans l’église de Paspébiac. L’église servait également de salle pour des grands concerts pouvant recevoir plus de 1 000 personnes. Enfin, l’église Notre-Dame-de-la-Purification est le lieu où se déroulent des messes hebdomadaires animées par l’orgue Casavant ainsi qu’une chorale à quatre voix (sopranos, altos, ténors et basses) interprétant des chants religieux classiques. Fait cocasse, l’orgue est situé à l’avant de l’église, un emplacement typique de la tradition protestante, ce qui n’est pas sans surprendre pour une église catholique.
Le bâtiment dans lequel l’orgue se situe présente un intérêt patrimonial d’abord pour sa valeur architecturale intéressante. Typique de l’architecture moderne, cette église comporte des caractéristiques intéressantes données par l’ensemble architectural dans lequel elle se situe et comprenant un calvaire, un charnier, un cimetière, un monument et un presbytère. L’église a une superficie de 92 pieds de largeur sur 173 pieds de longueur, et a une capacité de 902 places assises dans la nef. Elle est située dans le centre-ville de Paspébiac, également considéré comme le Vieux-Paspébiac, zone protégée. L’église compte trois autels ainsi que plusieurs tabernacles et courtines.
Également, il doit être mentionné que cet instrument – et la vie musicale liturgique de Paspébiac de manière générale – n’a été manié que par des femmes. Si Cécile Aspirot a inauguré cet orgue, Marguerite-Hélène Lebrasseur, Léa Aspirot, Yvette Lemoignan, Simone Loisel-Aspirot, Jeannine Horth-Huard et Louise Chapados ont également été organistes dans le passé.
Ce bâtiment présente également un riche intérêt patrimonial au regard de l’histoire de sa paroisse. En effet, la paroisse Notre-Dame-de-la-Purification est érigée en 1796, et son premier missionnaire résident sera l’abbé François-Xavier Tessier (1815-1890) en 1845. Paspébiac sera desservie par voie de mission de 1796 à 1860. La paroisse a été érigée canoniquement le 28 mars 1860 par Mgr Pierre-Flavien Turgeon, archevêque (1850-1867), et les registres ouvrent la même année. Le premier curé résident arrivera en 1861; il s’agira de l’abbé Charles-Godefroi Fournier. À ce moment, la paroisse s’étend sur les territoires des cantons de Hope et de Cox. La municipalité de Paspébiac a été érigée le 1er février 1877, et celle de Paspébiac-Ouest, en 1922. Les églises se succéderont jusqu’au 19 avril 1957, un Vendredi saint, année durant laquelle la dernière église est la proie d’un violent incendie. C’est à ce moment que la paroisse de Notre-Dame-de-la-Purification se scinde en deux. Deux églises sont alors construites simultanément : la nouvelle église de Notre-Dame-de-la-Purification de Paspébiac et celle de Saint-Pie-X.
L’avènement d’un orgue à tuyaux remonte aux années 1930, à la suite de la rénovation de la nouvelle église de Notre-Dame-de-la-Purification de Paspébiac. Des instruments du genre ont été installés dans les églises de New Carlisle et de Bonaventure. À ce moment également, la culture musicale de Paspébiac était en pleine effervescence. En effet, les Sœurs du Saint-Rosaire offraient des cours de piano depuis plusieurs années. Cette période correspondait également au moment où l’orgue d’Hélène Lebrasseur exhalait ses derniers souffles.
En 1935, un nouveau vicaire arrive en poste, M. Roland Brière, organiste de formation. Des séances sont organisées afin de recueillir les fonds pour l’achat de l’orgue. En septembre 1936, la moitié de la somme est recueillie, et Mgr Matte, de concert avec les marguilliers, passe la commande. L’orgue, un grand instrument de 12 jeux valant 3 900 $, sera livré par monsieur Louis-Olivier Jacques de la maison Casavant de Saint-Hyacinthe.
Installé au deuxième jubé, cet orgue était d’abord muni d’une soufflerie manuelle. Puis, avec l’arrivée de l’électricité, on préféra l’installer sous le porche de l’entrée principale. Les organistes se succédèrent : Hélène Lebrasseur, puis Léa Aspirot, Yvette Lemoignan et Simone Loisel-Aspirot.
Au printemps 1957, un incendie ravage l’église Notre-Dame-de-la-Purification, emportant dans les braises cet orgue. Il faudra attendre 30 ans avant que n’arrive l’orgue Casavant 1987, opus no 3628.
À la fin de mai 1960, avec l’édification de la nouvelle église, une envie se fait sentir de reprendre la longue tradition de concerts donnés par des organistes. Les marguilliers s’unissent au curé Louis-Nelson Laffoley et adoptent une résolution le 22 mai 1960 dans laquelle la fabrique prévoit se doter d’un deuxième orgue à tuyaux de 12 à 15 jeux d’une valeur de 15 000 $. De 1960 à 1971, un orgue Baldwin électronique fera office de solution temporaire pour assurer l’accompagnement aux offices religieux. C’est alors Jeannine Horth-Huard qui assure la direction musicale. Cécile Aspirot prendra la relève en 1987.
Entre-temps, un comité se forme : le Conseil des Œuvres paroissiales de Paspébiac. Ce conseil entreprend alors des démarches et des consultations auprès de la maison Casavant de Saint-Hyacinthe. Finalement, on opte pour un instrument de 20 à 22 jeux sur 2 claviers totalisant 61 notes.
En novembre 1985, Jacquelin Rochette, éminent organiste, s’amène à Paspébiac. En 1986, on aménage l’orgue dans l’église. Un troisième clavier est rajouté, ainsi qu’un pédalier articulant 35 jeux et un carillon. Enfin, l’orgue est livré avec un ensemble de caractéristiques de fine pointe, dont un plein-jeu sur chacune de ses divisions, couronné de jeux d’anches. En juin 1987, l’orgue est inauguré, valorisant la chorale et les célébrations liturgiques.
L’orgue Casavant 1987 accompagne depuis ce moment les offices religieux.
Enfin, soulignons que Mme Cécile Aspirot est l’organiste titulaire de l’orgue, et ce, depuis plus de 30 ans. Elle est enseignante de piano, et ses premiers rudiments sur cet instrument lui ont été appris au cours de l’école primaire, puis lors de séances intensives à Cap-Rouge. Elle a également étudié auprès de sœur Pauline Charron, R. S. R., professeure d’orgue à la maison-mère des Sœurs du Saint-Rosaire à Rimouski. C’est elle qui inaugurera l’orgue en 1987.
Monographie de Paspébiac
Inventaire des lieux de culte du Québec
Histoire du Québec https://histoire-du-quebec.ca/pasbebiac
Archives du Diocèse de Gaspé
Livret-Souvenir – Inauguration de l’orgue, juin 1987
https://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/quebec/paspebiac.html