Nos incroyables citoyens

Qui sait ? Ces citoyens font peut-être partie de votre famille ...

Eugène Chapados, inventeur

Un brevet pour Eugène Chapados!

Un brevet pour Eugène Chapados!

Ce citoyen a épaté tout le monde lorsqu’il passe dans l’Official Gazette of the United States Patent Office de 1953 pour présenter son brevet de bandage rétractable.

En 1969, son brevet est à vendre, selon l’Official Gazette of the United States Patent Office, volume 858.

Charles LeSelleur, numismate

Un numismate érudit!

On voit apparaître Charles LeSelleur pour la première fois dans le Linn’s Weekly Stamp News de 1951. On apprend entre autres qu’il fait de la restauration de timbres ainsi que des échanges de timbres commémoratifs et de timbres rares. Son commerce de timbres comprend aussi, évidemment, l’échange de catalogues.

Une exposition en Colombie en 1893!

Saviez-vous que Paspébiac a participé à une importante exposition de produits de pêche en Colombie?

Dans le cadre de celle-ci, la compagnie Robin de Paspébiac, qui avait déjà changé sa raison sociale pour la Charles Robin Collas Co. Ltd (1887), expose non seulement de la morue séchée, désossée et dans l’huile, mais aussi des modèles d’établissements de pêche (fish-curing establishments).

D’ailleurs, lors de cette exposition, la Le Boutillier Brothers remportera une médaille d’excellence avec sa morue sèche!

Pour cette exposition, des timbres ont été créés. Ces timbres ont possiblement fait partie de la collection de Charles LeSelleur!

 

Angélique Parisé et ses chants traditionnels

Mlle Angelique Parisé, "chanteuse folklorique basque", Gaspé, Québec (Musée Canadien de l'Histoire)

Angélique Parisé est une chanteuse de folklore enregistrée par Carmen Roy lors de son passage dans la Baie-des-Chaleurs entre 1949 et 1951.

Durant ce séjour, elle enregistrera plusieurs chansons de Mme Parisé, dont :

    À quoi ça sert-il de tant boire?

    L’amant abandonné

    L’amant perdu

    La barbière

    La batelière dans mon vaisseau

    Belle et charmante compagnie

    La belle qui fait la morte pour son honneur garder

    La belle qui s’est trop amusée

    La bergère aux champs

    La bergère et le vieillard

    La bergère infidèle et son berger

Parmi ces chansons, certaines sont plus politiques, telles que Le chômage à la Baie des Chaleurs.

Chanson d’Angélique Parisé reproduite dans Chansons de lutte et de turlute, CSN.

Marie-Jeanne Horth, chapelière

Marie-Jeanne Horth était l’unique chapelière connue de Paspébiac, en plus de tenir le bureau de poste de Paspébiac-Ouest et d’assurer le service à son salon de coiffure. Mariée à Élias Joseph, elle aura de nombreux enfants qui grandiront dans cette maison aux mille fonctions, détruite dans les environs de 1965.

On dit aussi que Marie-Jeanne accompagnait le docteur Morin pour les accouchements. Elle était aussi bien connue des dames paspéyas, car elle confectionnait des chapeaux pour celles qui fréquentaient l’église le dimanche, alors que le port du chapeau était obligatoire pour les femmes.

Marie-Jeanne est décédée en 1971. Sa fille, Alida Joseph, deviendra à son tour couturière et coiffeuse!

Arsène Denis, tailleur de bois

Sur cette photographie, Arsène est posé avec sa femme Almanda, mère de ses 29 enfants. À vrai dire, Arsène avait déjà eu des enfants lors d’un premier mariage, et il en aura 24 autres avec Almanda!

Avez-vous connu Arsène Denis? Ici, on le voit posant à côté du crucifix qu’il a fabriqué lui-même en 1932. Il a sculpté le Christ et les ornements de la croix avec ce qu’on appelait un « ti couteau d’poche », et cela, pendant de longues heures, le soir, à la lumière de la lampe à l’huile. Hauteur de la croix : 10 pieds. Largeur : 5 pieds 10 pouces. Hauteur du Christ : 5 pieds 3 pouces.

Il avait aussi sculpté une sainte à genoux, Sainte-Bernadette!

Les mains légendaires de Jos Maldemay

Angélique Parisé n’est pas la seule à avoir droit à la notoriété. Jos Maldemay et ses légendaires mains font l’objet d’un récit de Carmen Roy intitulé Les fréquentations et les noces. En effet, ses grandes mains étaient connues dans toute la ville! Voici ce que la célèbre ethnologue avait à en dire.

Vous connaissez sans doute Fernand Alain et son personnage mythique d’Abel Maldemay, mais saviez-vous qu’Abel Maldemay a bel et bien existé? Fils d’Urbain et de Victoire Lebrasseur, et né au sein d’une populeuse fratrie, il quitte Paspébiac pour la Côte-Nord, et plus précisément pour Rivière-Saint-Jean, où nombre de Paspéyas affluent pour travailler. Ceux-ci iront pêcher, notamment pour le compte des compagnies jersiaises ayant ouvert des postes dans cet endroit jadis contrôlé par la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Abel a d’ailleurs écrit une tendre lettre d’amour à sa douce, retranscrite dans un article de Jeannot Bourdages dans le Magazine Gaspésie.

Abel Maldemay. Collection familiale de Ghislain Maldemay.
Abel Maldemay et sa femme Élizabeth Huard. Collection familiale de Ghislain Maldemay.
1894. - Lettre d'amour envoyée par Abel Maldemay à sa future épouse, Elizabeth Huard. Musée de la Gaspésie. P269 Fonds Fernand Alain . Z-359.

La taverne de Jacques Lamy

Jacques Lamy est le fils de Toussaint, le pionnier de la souche Lamy dans la Baie-des-Chaleurs. André Lepage, dans son ouvrage Le site historique du Banc-de-Paspébiac, souligne que son auberge-taverne provoquait des remous au sein des pêcheurs locaux et américains :

« À mesure que l’occupation du banc de Paspébiac s’intensifie, le gérant général de la compagnie Robin s’accommode de plus en plus mal du tapahe de ses “voisins” les pêcheurs qui, en pleine saison de pêche, ne sont que trop prompts, à son point de vue, à s’attarder à l’auberge ou à la taverne de Jacques Lamy, un petty marchand installé parmi eux. Vers 1840, celui-ci continua à défier – à l’instar de son père Toussaint, arrivé à Paspébiac en 1808 – les “hommes de Robin”.

Le gérant craint l’incendie, et par-dessus tout l’incendie criminel, qui pourrait provoquer une gigantesque conflagration, car la compagnie ne manque certes pas d’ennemis, ni de clients mécontents auxquels le refus de consentir un crédit réclamé avec insistance ou désespoir aurait pu inspirer un désir tenace de vengeance. »

Il fut un temps où les Américains affluaient nombreux dans les eaux. Dès 1822, des plaintes sont formulées par Charles Robin, et elles sont ensuite saisies au Parlement par Robert Christie. En 1869, les violences se font nombreuses. Les Américains causent « all kinds of disorders », entraînant plusieurs Paspéyas à surveiller leurs maisons de crainte qu’elles ne subissent l’assaut de la conduite outrageuse de ces personnes. Évidemment, on accusera entre autres les auberges d’être à la source de ces désordres.

 

Mais la taverne de Jacques Lamy n’était pas la seule connue ni même la plus ancienne! En effet, un plan des établissements Robin datant de 1819 et détenu par l’Association de Jersey montre clairement qu’il y avait une brasserie (brewery) à Paspébiac à cette époque.


Petite chronologie des premiers bars à Paspébiac

1819 – Charles Robin dispose d’une brasserie sur la portion ouest du barachois.

1840 – Tavernes de Robin et de Jacques Lamy.

1857 – Taverne de John Arthur.

1866 – Tavernes de James Clark et de Simon Loisel.

1871 – Taverne de James Clark (alors aussi décrit comme hotel keeper). Un autre document de cette année mentionne qu’il y a deux auberges, « deux de trop » (!), sans les nommer.

1877 – Décès probable de James Clark. Sa femme prend le relai de la taverne et de l’épicerie, et l’établissement de Simon Loisel est toujours là.

1878 – John Clément ouvre une taverne et Simon Loisel est toujours là. John a aussi une épicerie et un hôtel.

1884 – Dans The cruise of the Alice May, on mentionne un hôtel sur la pointe du banc qui s’appelle le Lion Inn.

1885 – John Clément, Simon Loisel et un dénommé Ouellet ont des tavernes.

La tenancière d'orphelinat, Marie Prévôtat

Sainte-Famille – Maison (non identifiée), [Vers 1920], BanQ Québec, Collection initiale, (03Q,P600,S6,D5,P985), M. Prévotat.

L’une des premières mentions de Mme Prévostal (dont la graphie se présente parfois sous les déclinaisons Prévostal et Prévota) se trouve dans un article du journal Le Canada du 15 mai 1906. Dans cet article, on narre le vol d’une somme substantielle (6 000 francs précisément) appartenant à Mlle M. Prévota, « qui appartient à une riche famille française, fondatrice d’un orphelinat agricole établi sous peu à Paspébiac, comté de Bonaventure, raconta qu’elle venait d’être la victime d’un vol considérable ». En effet, la pauvre dame était entrée dans la banque Hochelaga pour y déposer 6 000 francs. Cette somme disparut rapidement de sa poche, et la femme poussa un grand cri :

« Je n’enlevai ma main de sur l’enveloppe placée dans ma poche qu’au moment de montrer ma carte à l’employé du guichet; le filou en profita pour me voler sans que je m’en aperçusse. »

On mentionne que la famille Prévota avait amené avec elle de France quelques fermiers, qui serviraient d’instructeurs aux orphelins. Marie Prévôtat était aussi arrivée avec sa mère et l’abbé Cramillon.

Marie Prévôtat dirigera avec l’abbé Cramillon un orphelinat agricole, soit une institution vouée à l’enseignement à la fois «catholique et agricole», de 1906 à 1911. De jeunes orphelins français sont invités à rejoindre Paspébiac, que Mlle Prévôtat décrit comme une «petite Nouvelle-France». Cet orphelinat agricole, également voué à la colonisation de la Gaspésie, visait à former de «petits colons» prêts à vivre une vie agricole au Québec.

Cet orphelinat agricole se situe à l’ouest du barachois, en haut de la falaise, près de l’actuelle rue Day. Il s’agit en fait d’une maison appartenant aux Le Boutillier Brothers dont l’existence aujourd’hui n’est pas certaine.

Pour plus d’information sur l’orphelinat agricole, cliquez ici.

En plus de l’orphelinat agricole qu’elle dirige depuis 1906, Marie Prévôtat possède aussi un moulin à bois! En janvier 1911, pour la première fois, on voit son nom dans le Mercantile Agency, un énorme bottin contenant tous les commerçants pour les villes et municipalités (son nom n’y est pas en 1910).

Elle y figurera jusqu’en janvier 1916.

En 1911, la jeune Marie Prévostal fait faillite, et semble se faire poursuivre par le Crédit foncier franco-canadien. En 1913, ses biens sont saisis. Ceux-ci comprennent un lot de terre dans le premier rang et un second dans le deuxième rang, ainsi qu’une maison en pierre sur le lot 188.

 

En plus de toutes les fonctions que nous avons exploré ci-haut, Marie Prévôtat était aussi photographe! Sur BAnQ, vous pouvez explorer l’ensemble des clichés qu’elle prend en voyage à l’île d’Orléans, et sur la Côte-de-Beaupré, notamment.

Paul Alain, l'arracheur de dents et soigneur de chevaux !

Paul Alain n’était pas un citoyen ordinaire : il était à la fois arracheur de dents et vétérinaire! Né en 1885, il s’est marié à deux reprises, la seconde fois étant avec Élise Maldemay, la nièce du fameux Abel. Il avait la réputation d’arracher des dents « à frette », celles-ci étant parfois attachées au bout d’une poignée de porte! Ce n’est pas d’hier que nos citoyens cumulent des occupations intéressantes…

La tombe de Paul Alain dans le cimetière de Paspébiac, posée par Ghislain Maldemay.
« Paul soignait autant les animaux que les humains! Pas juste arracheur de dents; [il posait des] points de suture, que mes grands-parents contaient; il “coudait”, comme on disait (de petites blessures, entendons-nous!). Papa s’est fait arracher quelques dents. Il disait que Paul l’installait sur une chaise et, dans le cas de papa (et de plusieurs comme mon beau-père John et oncle Adalbert Denis, qui m’ont conté la même chose), il lui donnait une gorgée de fort (du gin, j’imagine) et disait : “Roule-le dans ta bouche comme il faut et avale!” Sa femme Élise, la tante à papa (assistante dentaire, ha! ha!) qui l’assistait, était assise sur un banc en arrière et tenait la tête, les mains sur le front pour pas trop bouger, pendant que Paul faisait l’extraction! Paul Alain était vraiment mais vraiment pas nerveux, il était “narfé”, comme on dit à Paspébiac. »

Ghislain Maldemay, citoyen

Xavier Horth, ambulancier, fleuriste... et croque-mort !

Xavier Horth a cumulé plusieurs fonctions au cours du temps, dont celle d’ambulancier pour le village de Paspébiac. Dans les années 1950, il était également marchand et possédait un dépanneur à l’intérieur de sa maison.

La maison de Xavier Horth, comprenant plusieurs commerces, entre 1963-1968. Crédit photo: famille Garrett

Cette maison se trouvait au coin de la 1re Avenue et de la rue Saint-Pie-X. Au coin gauche, le dépanneur dans lequel on pouvait « tout acheter » : des sucreries, des cahiers… À l’arrière, Eugénie Albert, la femme de Xavier Horth, avait ouvert une boutique de robes de mariée et un local de couture, en plus… d’être fleuriste! Eugénie Albert ouvre son salon de fleurs vers 1965. À droite de la maison, un garage/grange où était stationné le corbillard (qui deviendra une ambulance plus tard!). Au sous-sol, selon plusieurs citoyens, on faisait aiguiser les patins.

« Mon père, avant ce métier de pompes funèbres, il était bedeau à l’église, cordonnier, aiguiseur de patins, faisait des pierres tombales en ciment et les gravait. Menuisier, service d’ambulance, restaurateur, il faisait avec ma mère les premiers cercueils et plus encore… C’était un homme à tout faire très habile de ses mains. » Roselyne Garrett, citoyenne
Le premier service d’ambulance de la région !
La fameuse ambulance! Crédit photo: famille Garrett

En 1973, il existait, dans la Baie-des-Chaleurs, trois services ambulanciers situés à Chandler, à New Richmond et à Paspébiac. Celui de Paspébiac serait, aux dires de Xavier, le premier. « C’est le mien », dit-il, se lançant dans cette entreprise dès 1951. Le Service ambulance Xavier Horth laissera sa place à une dame que l’on surnomme « tante Rhéa » et M.-A. Bérubé (ambulance Horth et Bérubé) et Ambulance Gérald Gagnon enr. vers 1978-1979.

Ci-contre, 1950-1950. Traîneau d’hiver à cheval servant aux funérailles et appartenant à Xavier Horth. On dit qu’il s’agissait de la première ambulance de la région!

 

 

"Ben c'est ça, y a des semaines, je peux faire trois voyages dans une semaine; d'autres fois j'peux être deux semaines sans ouvrage."

Radio-Canada, 1973

CHAU nouvelles avait fait un reportage en 1973 dans lequel Xavier Horth était interviewé.

Un dépanneur bien connu de tous
« Moi, Colette Horth, c’est à ce petit dépanneur de mes parents que j’ai fait la connaissance de Réjean Belanger, étudiant au Collège. Les garçons venaient acheter eux aussi des bonbons. C’était en 1964-1965, et le mot s’était dit que je servais au comptoir le midi, alors qu’est-il arrivé? Il est venu chercher des “caramels et bonbons forts”, voilà! Je me suis mariée en 1967, et il est décédé en 1997. » Colette Horth, citoyenne

John Lovett De Wolfe, le médecin poète

John Lovett De Wolfe est un médecin et coroner ayant oeuvré à Paspébiac de 1900 à au moins 1922. Dans certains documents d’archives, on le désigne comme « medical officer» . Ce médecin, probablement de passage dans notre ville, aura une carrière scientifique plutôt lucrative. Il signera en effet pas moins de 4 articles scientifiques dans les revues Clinical Magazine et Medical Council! Il aurait gradué de Harvard un peu avant la guerre. À ce propos, voici un poème rédigé par De Wolfe qu’il fait paraître dans le New York Times du 5 juillet 1917, encourageant un retour à la paix imminent.

The New York Times 1917-07-05: Vol 66 Iss 21712

Ella Le Grand, illustratrice

Quelques dessins d'Ella.

Ella Le Grand est possiblement la femme ou la fille de J. P. Le Grand, qui tenait le magasin général Le Grand à Paspébiac-Ouest. Si nous détenons très peu d’informations sur cette dame, nous savons que la famille Le Grand fut assez notable à Paspébiac. En plus de gérer des magasins généraux, plusieurs membres seront actionnaires de banques. Voici quelques uns de ces membres :

  • Jean Le Grand figure également dans les registres de la Mercantile Agency dès 1871. Il est alors commerçant. Il n’y est plus en 1880.
  • On croise dans la littérature le nom de J. P. Le Grand dès 1879. Il détient alors un magasin général. Un peu plus tard, il oeuvrera aussi dans la vente de «shingles», c’est-à-dire qu’il opérait une quincaillerie. En 1894, il a des opérations au Ruisseau Leblanc, à Bonaventure. Propriétaire du navire John Northup, il décède en 1911. Dès ce moment, sa succession assurera le bon déroulement de la compagnie. En 1914, cette succession gère un moulin à bardeaux! Elle le gérera jusque dans les années 1940.
  • Elias Le Grand apparaît dans les registres de la Mercantile Agency dès 1898. Il semble alors côtoyer J. P. Le Grand et détient aussi un «general store». Dès 1900, il semble s’être retiré.
  • Un second Elias W. Le Grand rejoint ses côtés en 1899 et celui-ci mène des activités à New Carlisle jusque dans les années 1940.
  • En 1901, Albert E. Le Grand se rajoute à la bande de propriétaires. Il quitte en 1903.
  • Un autre J.P Le Grand, prendra les revants du magasin général en 1909. Il est présent jusque dans les années 1940.
  • Arthur Le Grand étudiera les mathématiques en 1911.
  • Ernest Le Grand aurait habité dans la maison ayant hébergé l’ancien Don Lynn. Arrivé en Gaspésie en 1913, il travaillera pour les Robin.
  • George Le Grand sera gérant du magasin Robin en 1955.
  • Ernest Jr. Le Grand était comptable pour les Robin.
  • Sydney C. Le Grand était commis pour les Robin.

À droite, le magasin de J. P. Le Grand., à Paspébiac-Ouest. Complètement en arrière-plan, l’église presbytérienne.

Cette maison était sise en face de l’ancienne douane. Elle a été transformée pour faire le Don Lynn.

Arthur Le Gros, jerseyman et historien

Arthur Le Gros et Jessie Mahan à leur mariage.

MON JERSEYMAN PRÉFÉRÉ, ARTHUR GORDON LE GROS

Par Enid Legros-Wise avec la collaboration de Peter Legros, novembre 2019

L’acte de décès de ma grand-mère, Ada (Hows) Le Gros, mentionne qu’elle est tombée d’une calèche et est morte en couches. L’entrée de mon père dans ce monde le 15 décembre 1904 a donc été précipitée. Les fantômes semblent être un élément accepté de la réalité à Jersey, mais lorsque j’ai demandé, avec espoir, à mes cousins de me conduire dans la maison de mon grand-père, dans la paroisse de Saint-Martin, afin de communier avec sa présence mystérieuse, j’ai été surprise et déçue qu’ils n’aient exprimé que de l’horreur ! Que ma grand-mère repose en paix !

Arthur Gordon Le Gros est le troisième enfant de Daniel Le Gros. Son frère et sa soeur, Cyril et May, restent à Jersey, mais le nouveau-né est envoyé à Portsmouth en Angleterre pour y être élevé par sa grand-mère veuve, Mary Ann (Falle) Hows, et sa tante Violet, enseignante. Arthur a neuf ans lorsque la Première Guerre mondiale éclate et il subit alors de nombreux traumatismes : la famille Hows a des membres importants au front et Violet elle-même devient veuve quelques jours seulement après son mariage.

Mon père a fréquenté le lycée de Portsmouth qui jouit encore aujourd’hui d’une excellente réputation. De nombreuses années plus tard, assis au conseil scolaire d’Eastern Shores, à New Carlisle ici en Gaspésie, je me souviens de lui qui exprimait sa déception quant à la qualité de l’instruction. J’étais aussi impressionné par le fait qu’il ait pu aider mon frère dans ses problèmes de physique à l’Université : mon père avait quinze ans lorsque, à la grande déception de sa tante et de sa grand-mère, et pour des raisons financières, il abandonne tous ses rêves de devenir physicien et quitte l’école pour se rendre lui-même à la compagnie Robin Jones and Whitman au Canada. Une copie de son document d’immigration, datée du 16 août 1920, indique qu’il est venu à bord du navire à vapeur S/S Corsican et que son poste au sein de la société était celui de commis.

Nous sommes chanceux qu’Arthur Le Gros ait eu l’intérêt et la clairvoyance de rassembler et de conserver bon nombre d’anciens documents des Robin et qu’il ait rédigé des articles basés sur ses recherches. Peter a en sa possession un exemplaire de la Liste des stations contenant les noms des employés des postes Robin situés autour de la péninsule gaspésienne et sur la Côte nord au cours des années 1912 à 1935. À son arrivée au pays, mon père est employé à Cape Cove à l’hiver 1920 où il reste jusqu’à son transfert à L’Anse-à-Beaufils à l’été 1923. Ceci nous intéresse, mon frère Peter et moi, parce que nous n’avions pas réalisé qu’il y avait un poste à Cape Cove avant celui de L’Anse-à-Beaufils, et aussi parce que notre père a dû rencontrer notre mère à ce moment-là, vu que sa famille aurait aussi fréquenté l’église anglicane St. James de cette paroisse. L’été 1923 est la première fois que les deux lieux sont mentionnés dans la Liste des stations et la dernière fois qu’il est fait mention de Cape Cove. Le magasin général de L’Anse-à-Beaufils qui a été construit en 1928, cinq ans plus tard, est maintenant un musée donnant un aperçu du mode de vie passé.

Par la suite, les lieux de travail pour Arthur ont été Ste-Adélaïde, été et hiver 1923-24, Anse-au-Griffon, été 1924 à hiver 1926 et Grande-Rivière, été 1926. Pour l’hiver du 1926-27, Arthur est répertorié avec d’autres travailleurs dans les notes du grand livre des Robin; Peter pense que, les employés ayant la possibilité de rentrer chez eux une fois aux frais de l’entreprise, Arthur a peut-être passé cet hiver-là à Portsmouth et à Jersey. Nous nous souvenons qu’il disait s’être assis sur un rocher avec son frère Cyril, à Jersey, et s’étonner que le gros rocher de sa mémoire d’enfant n’était pas si énorme après tout.

De l’été 1927 à l’été 1929, Arthur travaille à Grande-Rivière. À l’été 1929-30, il est à Newport Point et à l’Anse-au-Griffon (aucune mention de l’hiver), puis jusqu’à l’été 1935, il travaille à la plage de Paspébiac qui fait référence au bureau principal de la société plutôt qu’à la plage comme tel, car ce bureau avait été déplacé à l’abri des intempéries de l’hiver.

À Paspébiac, Arthur était employé comme réserviste, collecteur et à la réembauche. L’été 1935 marque la fin de cette liste de stations. Mais cela ne nous dit pas ce que notre père faisait à Rivière-au-Renard ni à quel moment cet événement a eu lieu, mais Peter se souvient d’un récit : notre père était avec d’autres personnes chargeant des marchandises sur un navire (le Miron L.), à Rivière-au-Renard, quand les conditions météorologiques sont devenues très mauvaises. Ils ont dû lever l’ancre si précipitamment qu’il est resté à bord pour le voyage à Gaspé. Cette histoire nous est resté dans la mémoire parce que le vieil employé avec lequel il partageait une cabine lui a dit que s’il voulait savoir s’ils allaient couler, il n’avait qu’à regarder la lanterne suspendue, tant qu’il la voyait revenir, tout allait bien ! Le voyage a pris trois jours !

La liste ne nous donne pas d’informations pour 1936, mais comme il s’est marié avec notre mère, Jessie Isabel Mahan, le 8 octobre 1936, nous supposons qu’il avait déjà été nommé directeur de l’établissement de la société à Newport Point. Mes frères Lawrence, Peter et moi sommes tous nés pendant notre séjour là-bas.

De Newport, Arthur Le Gros arrive à Paspébiac en 1946 en tant que directeur général adjoint d’Eugène A. A. Bouillon. En 1952, lorsque la société est en difficulté, il succède à M. Bouillon comme directeur général de Robin Jones and Whitman Ltd (le nom de la société de l’époque) et en est devenu l’un des principaux actionnaires. Il a ensuite occupé ce poste pendant plus de vingt ans.

L’année dernière, j’ai fait la connaissance d’un homme qui, après avoir appris que je m’appelais Le Gros, est devenu très enthousiaste. Il m’a dit qu’il y a de nombreuses années, alors qu’il était un nouvel immigrant au Canada, mon père lui avait demandé de lui donner des cours d’allemand. Il a vanté l’humilité de mon père. J’étais très touchée mais pas surprise. Arthur Le Gros était respectueux, prévenant, authentique, ouvert d’esprit, attentionné, et plutôt timide.  Il aimait aussi  s’amuser et je me rappelle avec tendresse les nombreuses heures qu’il a passé avec ma mère à faire de la musique. Je me souviens aussi de lui avoir dit que je ne devrais jamais penser que le fait d’être une fille entrave, de quelque manière que ce soit, mes choix dans la vie. Lui et ma mère étaient d’excellents partenaires et ensemble, ils nous ont donné un bel exemple sur la façon de se conduire dans la vie.

Arthur Gordon Le Gros est décédé le 22 avril 1978 à l’âge de 73 ans. Il était mon Jerseyman préféré.

NOTE : Il peut être intéressant pour les chercheurs en généalogie de voir à quel point l’orthographe des noms peut être modifiée facilement et rapidement. Le nom de mon père sur son journal d’immigration était orthographié à la manière de Jersey : Le Gros. Je me souviens qu’il l’épelait toujours sans espace : LeGros. Moi, je l’épelle généralement sans capitale : Legros et depuis mon mariage avec Roger Wise, Legros-Wise.

Enid Legros, native de Paspébiac

L’ANGLO-NORMAND 

November 2019

My favourite Jerseyman, Arthur Gordon Le Gros

The death record of my grandmother, Ada (Hows) Le Gros, cites that she fell from a horse drawn carriage and died in childbirth. My father’s entrance into this world on December 15th, 1904, was a precipitous one. Ghosts seem to be an accepted part of reality in Jersey so when I requested hopefully that my cousins take me to my grandfather’s house in the parish of St. Martin so I could commune with its mysterious presence, I was surprised and disappointed that they only expressed horror. It didn’t happen. May my grandmother rest in peace.

Arthur Gordon Le Gros was the third child born to Daniel Le Gros. His siblings, May and Cyril,  remained in Jersey, but the new born baby was sent to Portsmouth in England to be brought up by his widowed grandmother, Mary Ann (Falle) Hows, and his aunt Violet, a teacher. Arthur would have been nine when the First World War broke out and he would have been privy to much trauma; the Hows family had important members joining the fighting and Violet herself was widowed within days of her wedding.

My father attended the Portsmouth Grammar School which to this day has an excellent reputation. Many years later when he sat on the Eastern Shores Schoolboard whose office was located in New Carlisle here in the Gaspé, I remember him expressing disappointment at the level of education. I was certainly impressed that my father was able to help my brother with problems in physics when Peter was attending the University of New Brunswick. My father was fifteen when, to the disappointment of his aunt and grandmother, for financial reasons, he gave up any dreams he may have had of becoming a physicist and left school to apprentice himself to the Robin Jones and Whitman Company in Canada. A copy of his immigration paper dated August 16th 1920 shows that he came to Canada on the steamship S/S Corsican and that his position with the company would be that of clerk.

We are fortunate that Arthur Le Gros had the interest and the foresight to gather and preserve many of the old Robin records, and that he wrote articles based on his research of these documents. Peter has in his possession a copy of the “List of stations” showing the names of employees working at the Robin posts around the Gaspé Peninsula and on the “North Shore” (of the St. Lawrence River) during the years 1912 to 1935.  It shows that my father was stationed at the Cape Cove station over the winter of 1920 to 1921 and was there until he was moved to the station at L’Anse- à -Beaufils in the summer of 1923. This is of interest to Peter and me because we hadn’t realized that there had been a post at Cape Cove before it was replaced by L’Anse- à -Beaufils, and also because our father must have met our mother at this time as he and her family would have attended the St. James Anglican church in that parish. The summer of 1923 is the first time both stations are mentioned in the “List of stations” and the last time there is mention of Cape Cove. The general store at L’Anse-à-Beaufils was built in 1928, five years later. It is now a museum, providing insight into a past way of life.

Subsequent postings for Arthur were Ste. Adelaide (summer  and winter 1923/24);

Griffon Cove (summer 1924 to winter ’26): and Grand River (summer ’26). For the winter of ‘26/’27 Arthur is listed with others under “notes”; Peter muses that as employees were all granted a chance to return home once at the expense of the company, he may have spent that winter in Portsmouth and Jersey. We remember him recalling sitting on a rock with his brother Cyril (in Jersey) and marvelling that the “big” rock of his childhood memory wasn’t really big after all.

 

For the period from the summer of 1927 to summer of ’29 Arthur is listed as working in Grand River. In the summers of ’29 and ’30 he was in New Port Point and Griffin Cove (no mention of the winter), and then, until the summer of 1935, he worked at the “Beach” in Paspebiac. The “Beach” in Paspebiac was a reference to the main office of the company rather than strictly its location, for the main office was moved from the weather exposed beach up to the shelter of the Park during the winter.

Arthur’s duties in Paspebiac are listed as “spare”, “collections” and “rehiring”. Summer of 1935 is where this “List of stations” ends.

The “List” does not tell us what our father was doing in Fox River or when this event took place but Peter recalls a story he told, of being with others loading goods onto a ship (the Miron L.) in Fox River, when the weather conditions became so bad they had to weigh anchor precipitously and he had to stay on board for the trip to Gaspe. The account stands out in our minds because the old employee he shared a cabin with told him if he wanted to know if they were going to sink he could watch the lantern; as long as it swung back they were alright! The trip took three days.

The “List” does not give us information for 1936, but as he and our mother, Jessie Isabel Mahan, were married on October 8th 1936, we are assuming he had already been appointed manager of the Company’s establishment in New Port Point. My brothers Lawrence and Peter, and I, were all born during our time there.

From New Port, Arthur LeGros came to Paspebiac in 1946 as Assistant General Manager to Eugene A. A. Bouillon. In 1952, when the company was in difficulty, he took over from Mr. Bouillon as General Manager of Robin Jones and Whitman Ltd (the name of the company at the time) and became a major shareholder.  He subsequently held this position for over twenty years.

Last year I was unexpectedly introduced to a man who, when he learned that my name was LeGros, became very excited.  He told me that many years ago when he was a new immigrant to Canada, my father had asked him to give him German lessons; he extolled my father’s humility.  I was very touched but not surprised. Arthur LeGros was respectful, considerate, truthful, open-minded, encouraging, as well as thoughtful, somewhat shy, and fun loving in a quiet way. I remember fondly the many hours he and my mother enjoyed making music together.  I remember also him telling me that I should never think that being a girl in any way inhibited my choices in life. He and my mother were great partners and together they set an example of how one should conduct oneself in life.

Arthur Gordon Le Gros died April 22nd, 1978, at the age of 73. He was my favourite Jerseyman.

Article by Enid LeGros-Wise with information from Peter LeGros    November 2019

 

NOTE: It may be interesting to researchers of genealogy to see how easily and quickly name spellings can change. My father’s name on his immigration paper shows it was spelled in the Jersey manner: Le Gros. I always remember him spelling it without the space: LeGros. For myself I usually spell it without the capital: Legros, or since my marriage to Roger Wise, Legros-Wise.

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