Recensement de la baie des Chaleurs 1765

  • Colonisation, Généalogie

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Démographie et population

L’évolution de notre population

La Baie-des-Chaleurs a jadis été qualifiée par le journaliste et essayiste Arthur Buies comme la région la plus cosmopolite de toute la province. Paspébiac sera d’ailleurs l’un des points d’ancrage de ces diverses populations. Au cœur de ce territoire, une histoire bien humaine, qui débute avec l’arrivée dans la Baie-des-Chaleurs de la nation mi’gmaq.

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Peuple faisant partie de la famille linguistique algonquine, les Mi’gmaq occupent le territoire non cédé bordant la Maoi pogtapei – « la baie par excellence » en langue mi’gmaq – bien avant l’arrivée des Blancs en Amérique. Les Mi’gmaq chassent et pêchent près du littoral sud du Gespe’gewa’gi qui forme leur territoire ancestral, plus largement composé d’une partie du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, de l’île du Prince-Édouard et de Terre-Neuve.

Les Mi’gmaq accueilleront les vagues successives de pêcheurs et d’explorateurs qui sillonnent la baie en quête des ressources halieutiques ou d’un passage menant vers l’Asie. Ils procureront un refuge aux populations acadiennes qui ont évité la Déportation de 1755-1761. Ils partageront leur territoire avec de nouveaux arrivants issus de partout autour du globe. Enfin, ils transmettront leur savoir-faire à ceux-ci, contribuant à faire de la Baie-des-Chaleurs un lieu dont les activités basées sur la pêche acquièrent une renommée mondiale.

Le site du pow-wow de Gesgapegiag. Source : Radio-Canada.

Les vagues de migration menant à l’établissement d’individus issus des quatre coins du globe dans la Baie-des-Chaleurs ont presque toutes un point commun : la ruée vers les ressources de la mer, et particulièrement la morue. Déjà, dès le 11siècle, la présence de Vikings est décelée sur les côtes de Terre-Neuve et du Labrador. Les eaux poissonneuses de la baie des Chaleurs attirent de leur côté des pêcheurs français (Bretons, Normands, Basques français, Gascons et Rochelais), portugais, espagnols (dont des Basques espagnols) et britanniques, qui feront du commerce avec les Mi’gmaq dès le 16e siècle et au cours des siècles suivants. C’est le début d’une occupation humaine qui, bien que régulière, ne sera cependant que saisonnière. En effet, Paspébiac est alors, pour les Mi’gmaq, une halte, un point d’arrêt et un lieu de repos en plus d’être un lieu commercial. Dans tous les cas, c’est dire qu’avant même l’installation des premiers postes de pêche français, il y avait une forme de commerce international à Paspébiac!

Les premiers écrits : de 1534 à 1542

En 1534, Jacques Cartier, passant dans des lieux connus des pêcheurs européens, rencontre des Mi’gmaq à Paspébiac le 6 juillet 1534.

À ce sujet, dans son article Les Micmacs au XVIIe siècle. Les premiers contactsl’historien Mario Mimeault mentionne ceci :

« Il est manifeste que les Micmacs rencontrés à Paspébiac avaient déjà vu des Blancs. En témoigne surtout le fait qu’ils connaissent l’intérêt des visiteurs pour la fourrure. D’autres indices trahissent un contact antérieur à l’arrivée de l’escadre bretonne. Ainsi, les Micmacs apprennent aux premiers traiteurs blancs que l’animal à grand panache dont ils réclament la fourrure s’appelle orignac. Bien que le nom se soit prononcé orignal avec le temps, il est reconnu que le mot signifie cheval des bois en langue basque. Un autre indice d’une influence européenne, hormis la croix qu’ils portent au cou, est le décalque du lauburu sur la proue de leurs canots ou sur les décorations de leurs boîtes d’écorce. C’est l’emblème du peuple basque. »

1632

Dans l’ouvrage Unveiling the Arctic, paru en 1984, on apprend que les Basques pêchent toujours à Paspébiac. Cette fréquentation remonte aux années 1560 à 1580, selon l’historienne Selma Huxley Barkham, dont les recherches se sont particulièrement intéressées à l’occupation basque du Labrador.

Vers la concession de premières seigneuries : 1636-1652

La première seigneurie gaspésienne concédée à Pierre Bourdon en 1636 est celle de L’Anse-au-Griffon. Cet homme d’affaires fonde ce qui sera la première compagnie d’exploitation de la morue, puis déploie des effectifs pour en assurer le succès à Percé. Quelques décennies plus tard (1652), sur la côte de Gaspé, la seigneurie de Cap-des-Rosiers est concédée « à un groupe de marchands qui désirent entamer un commerce triangulaire entre les Antilles, la France et le Canada » (Francoeur, 2008). De son côté, Mario Mimeault mentionne ceci :

« En 1652, l’ex-gouverneur Louis d’Ailleboust de Coulonge crée avec une dizaine d’hommes d’affaires de Québec une compagnie de pêche dont les activités sont basées à Percé. Leur objectif est de lancer la colonie dans un commerce triangulaire avec les Antilles et la France. L’expérience dure trois ans et il est permis de croire qu’elle aurait pu se poursuivre, n’eût été l’incurie d’administrateurs coloniaux obnubilés par les pelleteries. »

1653

Nicolas Denys arrive en Acadie en 1632. Entrepreneur habile, il obtiendra une large concession du cap Canso jusqu’au cap des Rosiers, ce qui inclut la baie des Chaleurs, pour laquelle il aura l’exclusivité des droits de pêche dès 1653. Il se fera retirer ces droits quelque vingt ans plus tard, en 1677.

1656

La première mention de ce qui semble être Paspébiac remonte à cette lettre dans laquelle le missionnaire Ignace de Paris parle d’un « fort Paspébiac » en 1656, alors qu’il soulève avec préoccupation l’avenir difficile de l’Acadie française.

En effet, entre 1654 et 1670, la Gaspésie se trouve au centre de plusieurs conflits, dont la guerre anglo-espagnole et l’occupation anglaise de l’Acadie. 

Dans cette lettre, on suggère d’établir les nouvelles sociétés françaises là où il n’y a pas « d’hérétiques », c’est-à-dire d’Anglais. Écrite à la suite d’une demande de la Congrégation de la Sacrée propagande, la lettre donne un aperçu de l’ambition d’Ignace de Paris de restaurer la mission capucine en Acadie, chassée en 1655.

Y avait-il alors des gens à Paspébiac? Du moins, si c’est bien de Paspébiac qu’il s’agit, il y avait un fort. Et il s’agira de la première mention officielle du nom!

1672

En ce qui a trait à notre région, le commerçant Nicolas Denys relate la saison de la salaison au « Petit-Paspec-biac » dans son ouvrage Description geographique et historique des costes de l’Amerique septentrionale avec l’histoire naturelle du païs, paru en 1672. L’emplacement nommé reste toutefois incertain; il pourrait aussi s’agir de New Carlisle, couramment nommé dans l’usage « Petit-Paspébiac » ou « Little Paspebiac ». Dans cet ouvrage, le voyageur évalue à 2 000 le nombre de pêcheurs qui afflueront sur les côtes gaspésiennes à la première moitié du 17e siècle.

1681 : une population mi'gmaq bien présente

En 1680, environ 4 000 Mi’gmaq occupent les actuels territoires de la Nouvelle-Écosse, des îles du Cap-Breton, de l’île du Prince-Édouard, du Nouveau-Brunswick et de la péninsule gaspésienne. On appelle d’ailleurs les « Gaspésiens » ceux qui sont près de chez nous.

Ces Gaspésiens, expression que l’on utilise également pour définir « le plus ancien groupe » en Gaspésie, forment une population métissée qui trouve ses représentants chez nos familles souches de Paspébiac (comme le souligne le Bulletin paroissial de Paspébiac de 1940) :

1696

En 1696, les seigneuries de Port-Daniel et de Pabos sont concédées (et celle de Grande-Rivière le sera un an plus tard). La seigneurie de Pabos est d’abord acquise par René Hubert, « qui la délaisse au profit de pêcheurs basques » (PIMIQ, Site archéologique de Pabos).

D’ailleurs, Paspébiac attirera une grande population de ces pêcheurs basques, dont le passage se traduit par la présence de patronymes toujours portés par ses habitants aujourd’hui (Chapados, Delarosbil, Castilloux, Aspirot).

Aussi, comme nous le verrons plus loin, plusieurs ancêtres paspéyas sont originaires de ce que l’on appelle la région du Grand-Pabos, qui comprend Grande-Rivière et Port-Daniel.

1702

Bourlet et Mayeux, détenteurs d’un établissement à Mont-Louis, font la demande dans des correspondances vers la France pour un « terrain » à Paspébiac, « en une valeur propre pour la pêche », subvention qui sera refusée par Callières pour ne pas nuire aux pêches, justement. On justifie ce refus en disant que si l’on concède Paspébiac en seigneurie, « il ne sera plus possible d’y soutenir un établissement ».

L’année suivante, en 1703, le ministre changera son fusil d’épaule et décidera de « concéder Paspébiac à Mayeux et Bourlet à condition qu’ils n’empêchent pas les pêcheurs d’y venir ». Toutefois, cette seigneurie ne sera concédée que plus tard, en 1707.

1707

Brevet de confirmation par le roi en faveur de Pierre Haimard (Haymard, Aymard, Émard) de la concession lui ayant été accordée le 10 novembre 1707 par Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil, et le sieur Raudot, gouverneur et intendant de la Nouvelle-France, BAnQ, TP1,S36,P456.

C’est le 10 novembre 1707 que Philippe de Rigaud, marquis de Vaudreuil (ainsi que gouverneur de la Nouvelle France de 1703 à 1725), et l’intendant Jacques Raudot concèdent à Pierre Haimard, marchand, juge et prévôt à Québec, la seigneurie de Paspébiac, d’une dimension de deux lieues sur trois lieues. Toutefois, Haimard ne développera pas sa seigneurie, préférant se pencher sur les activités de la seigneurie de Mont-Louis, aussi exploitée par lui.

Le 28 juillet 1723, son beau-frère Louis Gosselin, marchand à Québec, acquiert la moitié de la seigneurie de Paspébiac avec Simon Haimard, frère de Pierre. Ainsi, en théorie, à partir de 1707, on devrait retrouver à Paspébiac les premiers habitants permanents, mais ce ne sera pas tout à fait le cas. En effet, le seigneur avait l’obligation de « tenir feu et lieu » (construire et habiter un manoir) et de concéder des terres aux censitaires. Cependant, rien n’indique que Paspébiac était alors peuplée, même s’il y existait fort probablement un poste de pêche sous le Régime français.

 

1724

Probablement pour préserver leurs droits de pêche dans la péninsule, les seigneurs de Paspébiac confectionneront la foi et l’hommage ainsi que l’aveu et dénombrement en 1725, selon l’historienne Marie-Claude Francoeur.

À ce moment, Pierre Haimard n’est plus seigneur. Comme le souligne Francoeur :

« Pierre Haimard mourut à la fin de l’année 1724. Il avait déjà cédé en donation en juillet 1723 la moitié des seigneuries de Mont-Louis et de Paspébiac à Louis Gosselin, fils du premier mariage de son épouse Louise Guillot, “considérant que depuis dix-huit mois qu’il est detenu malalde d’une parralisie au costé droit qui l’empêche de pouvoir vaquer aux affaires de son commerce et prévoyant les suites d’une longue maladie”. Cependant, Louis Gosselin s’intéressait plus aux pelleteries qu’aux pêcheries et fréquentait davantage la seigneurie de Paspébiac dans la Baie-des-Chaleurs sur laquelle il fit construire un domaine, une maison et un magasin sans même y installer des habitants. »

En effet, cet aveu d’existence d’un domaine, d’une maison et d’un magasin ne veut pas forcément dire que les seigneurs tenaient feu et lieu à Paspébiac. Même s’il n’y avait aucun établissement, plusieurs seigneurs gaspésiens, désirant se conformer à la loi et garder leurs titres, feront leurs aveux. L’heure n’était en effet pas à la colonisation de la Gaspésie pour ces commerçants et hommes d’affaires.

Aveu et dénombrement du sieur Louis Gosselin, marchand de Québec, au nom et comme donataire entre vifs de maître Pierre Haimard (Émard, Eymard, Hémard), juge prévôt de Notre-Dame-des-Anges, pour la moitié des fiefs vulgairement nommés de Paspébiac et des Monts-Louis, 1725.

Dans cet extrait, on peut voir qu’il y a, à Paspébiac, un domaine, une maison de pièce sur pièce de trente pieds de long sur vingt pieds de large; une autre maison servant de magasin de charpente, close de madriers embouvetés de trente pieds de long sur dix-huit de large en 1725 à Paspébiac. Aucun habitant n’y est établi.

Le développement socio-économique des seigneuries gaspésiennes sous le Régime français : un modèle régional unique, thèse de Marie-Claude Francoeur. Source de l’aveu : BAnQ-Q, Intendants, Fois et hommages, El, S4, SS2, P400, partie 1, fol. 130v-131, Foi et hommage pour les seigneuries de Paspébiac et de Mont-Louis, 8 mai 1725; BAnQ-Q, Aveux et dénombrements, El, S4, SS3, PI72, tome 1, fol. 236-236v, Aveu et dénombrements pour les seigneuries de Paspébiac et de Mont-Louis, 10 mai 1725.

Pabos, seigneurie fructueuse (1729-1758)

En 1729, la seigneurie de Grand-Pabos est achetée par Pierre Lefebvre de Bellefeuille, puis cédée à son frère Jean-François (1670-vers 1744) et aux fils de ce dernier, Pierre, Georges et François (1708-1780), qui en font un poste de pêche permanent de 1729 à 1758. C’est véritablement à partir de 1730 que l’on parlera d’un premier établissement sédentaire à Pabos, ainsi que d’un établissement de pêche véritablement organisé et durable sous le Régime français, en Gaspésie.

Pour faire fructifier leur commerce, les de Bellefeuille entretiendront des relations étroites avec les Normands et les Basques, d’où proviendront bon nombre de morutiers et de pêcheurs. En effet, chez les de Bellefeuille, comme le souligne Francoeur, ce sont les Basques qui fournissent les marchandises comme le vin, la farine, le bœuf, le lard, le beurre, etc., à la seigneurie de Pabos.

La présence de plusieurs groupes ethnoculturels, qui peupleront ensuite Paspébiac, est attestée par les Registres de Pabos de 1751-1757Près de chez nous, Jean Chapados et Catherine Larocque sont déjà à Paspébiac.

Reconstitution de l’établissement de Pabos en 1758 d’après un plan d’époque (dans Mario Mimeault, La famille Lefebvre de Bellefeuille et la difficile ascension au rang de seigneur, 1640-1744).

Registres de Pabos 1751-1757

Déportation acadienne de 1755

Nous savons maintenant que plusieurs Paspéyas seront originaires du poste de pêche sédentaire de Pabos. Et d’ailleurs, les premiers registres (1751-1757) attestent l’établissement d’individus dans la Baie-des-Chaleurs en général, car le secteur identifié comme Pabos couvre la région de Grande-Rivière à Port-Daniel. Ces registres se terminent au moment où les Anglais arriveront à Pabos.

Nous savons par ces registres que sous le Régime français, les futures familles de Paspébiac que sont les Caplan, Larocque, Dunys (qui deviendront Denis), Mallet, Duguay, Michel, Huard, Lepeau, Daraîche, Grenier et Langlois habitent les environs.

Le tableau qui suit présente quelques-unes de ces familles.

Source : Ethnogenèse des premiers Métis canadiens (1603-1763), une thèse de Denis Jean, 2011.

Des familles présentées dans le registre ci-dessus, quelques-unes sont dites métissées, soit résultant d’une union entre une personne qui n’est pas autochtone et une personne d’ascendance mi’gmaq directe. Comme nous le soulignons plus haut, plusieurs de ces familles viendront fonder un foyer à Paspébiac (Duguay, Grenier, Huard, Langlois, etc.).

Comme nous l’avons mentionné plus haut, les habitants qui seront dans les alentours de Paspébiac n’auraient pas à payer de droits seigneuriaux. D’ailleurs, en 1755une ordonnance de l’intendant Bigot est proclamée pour Paspébiac,

« qui fait défense à Jean Barré, habitant de la Pointe Verte de la Grande-Rivière, et à tous autres d’exiger aucuns droits seigneuriaux des habitants qui sont établis à Paspébiac, ni même des bâtiments qui y viennent de France faire la pêche de la morue, cet endroit ainsi que la plus grande partie de la baie des Chaleurs étant réunie de droit au Domaine du Roi, et ce à peine de restitution et d’être poursuivis comme concussionnaires. »

1758-1761

Baron Daniel Lescaller, 1791. Un dessin de la frégate Le Machault.

La Conquête anglaise est officialisée en 1763 par le traité de Paris. Toutefois, dès 1758, la menace anglaise grandit sur la jeune population des rives de la baie. En septembre 1758, la flottille du général Wolfe se trouve à proximité de Gaspé. Le 13 septembre, le capitaine Irving détruit les établissements de pêche de Pabos et de Grande-Rivière, entraînant un déplacement des populations habitant les pourtours de la baie des Chaleurs vers Ristigouche. Acadiens, Basques et Mi’gmaq vivant déjà sur le territoire se pressent d’y trouver refuge, tandis que de nouvelles vagues de migrants rejoignent les familles provenant des alentours de Pabos, soit les Dunys, Larocque et Duguay. En ces temps d’exil, des couples se forment, se marient et baptisent leurs enfants à Ristigouche.

Le poste de pêche de Paspébiac est brûlé
Dans cet extrait du journal de Wallis, on peut lire que des bateaux se sont rendus près de la pointe de Paspébiac où il y a un village de pêche; les bateaux ont mis en feu des maisons, des entrepôts (stages).

Comme le souligne l’historien Marc-André Comeau dans son livre Pêcheur normand, famille métisse, un événement inédit survient entre le 16 et le 17 juillet 1760 : la destruction du poste de pêche de Paspébiac. Cet événement est relaté dans le journal d’un des navires de l’escadre du capitaine Samuel Wallis qui rencontre celle de Byron près de Paspébiac, tout juste après la bataille de la Ristigouche.

Extrait du journal du Prince of Orange – juillet 1760. À Paspébiac, le capitaine Wallis voit « several houses on shore » et parle de deux prisonniers possiblement kidnappés par la flotte...
À Ristigouche, de nouvelles alliances se nouent!

Selon l’historien Victorin Mallet, dès 1758, quatre groupes de gens – les Cadiens du Sud, les Métis acadiens du Nord (Caraquet à Gaspé), les Français et les Mi’gmaq de la région se retrouvent à Ristigouche, formant un contingent de plus de 1 000 personnes

Dans le rapport de Bazagier, qui parle du siège de Ristigouche par les Anglais en 1760, on mentionne que ces réfugiés sont assez mal en point :

« Les habitants de trois postes de Miramichi, de Chipagan, des trois de Caraquet, étaient fort à plaindre en juillet. Les Normands de la partie de Gaspay, Pabos, Paspédiat, la grande rivière, n’étaient pas mieux cet été. »

 

Les Registres de Ristigouche (1759-1761) recensent plusieurs mariages et baptêmes dont les sujets habiteront subséquemment Paspébiac, toujours selon Victorin Mallet :

Baptêmes :

  • Eustache, né le 25 octobre 1759 et baptisé le 15 mai 1760, fils de Louis Lanteigne et Marguerite Chapados (qui étaient à Pabos auparavant).
  • Geneviève, née le 16 juin 1760 et baptisée le 21 juin 1760, fille de Louis Dunis et Marie-Madeleine Larocque. Parrain et marraine : Julien Delepeau et Marie Monjouesh (ils étaient tous deux à Pabos avant).
  • Marie-Madeleine, née le 20 novembre 1759 et baptisée le 21 juin 1760, fille de Pierre Langlé et Anne Huard (s’étaient mariés à Pabos). Parrain et marraine : Gabriel Huard et Christine Blanchette.
  • Jean, baptisé le 3 mai 1761, fils de François Huard et Geneviève Duguay (se sont mariés à Pabos). Parrain et marraine : Jean Castilloux et Marguerite Le Breton.

Mariages :

  • Georges Larocque (François Larocque et Marguerite Caplan) et Marguerite Brasseur (Mathieu Brasseur et Anne-Marie Pitre), le 15 juillet 1760.
  • Thomas Delepeau (Julien Delepeau et Marie Monjouesh) et Marie Normand (François Le Normand et Louise Denaud), le 12 août 1760.
  • Gabriel Huard (Pierre Huard et Catherine Caplan) et Geneviève Delepeau (Julien Delepeau et Marie Monjouesh), le 12 août 1760.
  • François Duguay (René Duguay et Marguerite Le Breton) et Madeleine Chapados (Joannis Chapados et Catherine Larocque), le 4 mai 1760.
1760-1761 : le retour dans la Baie-des-Chaleurs et le Recensement des familles acadiennes réfugiées le long des côtes de la Gaspésie

Selon Marc-André Comeau, les Acadiens ne commencent qu’à revenir dans la Baie-des-Chaleurs qu’à la fin d’octobre 1760, et peut-être même seulement après l’hiver, au printemps de 1761. Arrivés à Ristigouche en 1758, ils ne quittent la région qu’au moment où le major Elliott vient leur annoncer la capitulation de Montréal.

En effet, l’après-conquête verra le retour de ces pionniers dans la Baie-des-Chaleurs. En 1761, les familles acadiennes réfugiées le long des côtes de la Gaspésie sont documentées dans un recensement réalisé par Pierre Du Calvet. Il s’agit du premier recensement présentant de manière officielle les habitants de Paspébiac. Parmi ces familles, on retrouve le grand retour des familles Denis, Chapados et Duguay à Paspébiac, en plus d’autres individus comme les Lepeau, Michel, Grenier et Castillon (Castilloux) dans les environs de Grande-Rivière, Pabos et Port-Daniel. Selon ce recensement, il existe au moins 794 personnes dans la Baie-des-Chaleurs en 1761.

Fait intéressant : un certain capitaine McKenzie aurait fait référence à plusieurs familles présentes à Ristigouche et originaires de la Baie-des-Chaleurs comme des « half-breed Acadian Indians ». C’est dire que s’il y a eu un certain métissage, celui-ci demeurait mal vu et condamné, une vision qui a heureusement beaucoup changé.

Voici les habitants de chaque village en 1761 :

À Paspébiac, selon ce recensement, les familles de François Pichon, de Louis Dunis, de Joannis Chapados et de François Duguay se trouvent dans notre région en 1761, tandis que la famille de Jean Castillon (aujourd’hui Castilloux) nous rejoint un peu plus tard. Selon Victorin Mallet, François Duguay serait peut-être plutôt René Duguay. Qu’à cela ne tienne, quelques familles sont présentes à Paspébiac! D’autres familles acadiennes résidant à Caraquet, comme celles de Jean Cronier, de Gabriel Giraud dit Saint-Jean, de Pierre Gallien, de Gabriel Albert et de Louis Lantin, auront aussi une postérité dans la Baie-des-Chaleurs.

Après une longue bataille, la Conquête anglaise se solde par la bataille de la Ristigouche en 1761.

1763

La Conquête anglaise est officialisée en 1763 par le traité de Paris. Cet important traité permet notamment aux Jersiais de venir s’établir sur les côtes gaspésiennes. De même, certaines sources affirment que des Acadiens ont été amenés à Paspébiac par Philippe Robin en 1763.

1765

En 1765, le plan de John Collins de Paspébiac présente les lots de Paspébiac, une église anglicane ainsi qu’une « market place »! Source : BAnQ, E21,S555,SS1,SSS23,PP.3.

Le Recensement de la Baie-des-Chaleurs de 1765 ne précise pas les habitants de Paspébiac, mais dresse toutefois la liste des familles du comté de Bonaventure. Parmi celles-ci, on retrouve les familles bien paspéyas de :

  • Benjamin Allain
  • Léon Roussy
  • Louis Denys
  • François Duguay
  • Jean Cronier
  • Mathieu Brasseux
  • Jacques Huard
  • Joannis Chapados
  • Georges Larocque
  • Pierre Brasseux
  • François Brasseux
  • Jean-Marie Duguay
  • François Larocque
  • Charles Larocque
  • Père Langlois
  • François Huard

À Gaspeg se trouvent alors les familles Lepeau, Olivier, Derack (Daraîche) et Garnier.

Photographie de la baie des Chaleurs, 1935. Source : BAnQ, E57,S44,SS1,PB39-46.
Canton Ristigouche et canton Mann - secteur Baie-des-Chaleurs, 1938. BAnQ, E21,S110,SS1,SSS3,P303.

1766-1767

L’immigration jersiaise sur les côtes gaspésiennes se déroule sur presque deux siècles, soit de l’arrivée de Charles Robin à Paspébiac en 1767 jusqu’aux environs de 1930. Cet homme d’affaires y établira le siège administratif de sa compagnie et fera de Paspébiac la plaque tournante de l’exportation de la morue destinée à l’Europe, aux Antilles et à l’Amérique du Sud.

Au fil du temps, Paspébiac devient le siège social de deux compagnies œuvrant dans les pêcheries : la Charles Robin Company – dont la raison sociale changera à quelques reprises – et la Le Boutillier Brothers.

Les Jersiais recrutés par la compagnie font fleurir les savoirs manuels traditionnels. Charpentiers de navire, tonneliers, charretiers, forgerons et menuisiers de tout acabit se joignent à la population naissante. Grâce à leur bonne maîtrise du français et de l’anglais, ceux-ci font souche à Paspébiac tout en y fondant des institutions liées à leur commerce et à leur établissement (douane, bureaux de poste, église anglicane, etc.). Bien que certains travailleurs retournent aux îles de la Manche sitôt la saison de pêche terminée, bon nombre de ces hommes se marient à des filles « de la place » et transmettent ainsi leur patronyme. C’est ainsi qu’on peut trouver à Paspébiac aujourd’hui des noms tels que Holmes, Le Grand, Whittom, Lemarquand, Le Gros.

1774

La jeune population de Paspébiac verra l’arrivée, en 1774, d’une nouvelle vague d’immigration acadienne issue de l’initiative de Charles Robin, qui fait venir en 1774 deux navires remplis d’Acadiens déportés en France. Toutefois, il est peu probable que ceux-ci se soient installés du côté de Paspébiac. Ces 81 Acadiens s’installeront plutôt au poste d’Arichat de la compagnie Robin, au Cap-Breton, et une petite proportion d’entre eux s’établira à Bonaventure.

En 1774, le Recensement de Bonaventure présente deux couples qui feront souche à Paspébiac ainsi qu’une veuve :

  • François Duguay et Madeleine Chapados;
  • Jean-Marie Duguay et Marie-Anne Olivier;
  • Geneviève Duguay, veuve de François Huard.

1777-1778

Nicolas Cox, nommé lieutenant-gouverneur de Gaspé en 1786.

En 1777, un nouveau recensement est entrepris sous la gouverne de Nicholas Cox, lieutenant-gouverneur de la Gaspésie. Dans la partie concernant Paspébiac, voici les familles qui se trouvent dans notre village à ce moment (source : Lucie Delarosbil dans son article Les enfants des premières familles) :

Léon ROUSSY & Anne CHAPADOS: Anne-Élisabeth (±1761), Pierre-Léon ou Pierre ou Léon (±1764), Marie (±1765), Louis (±1768), André (±1770), Elisabeth (1773), Marie-Rose ou Rosalie (1776), Madeleine (1778), Marguerite (±1780), Angélique (±1782) et Léon (1784). Au recensement, le couple avait sept enfants de moins de 16 ans.

Jean CRONIER & Marie Denise ROUSSEAU : Jean (±1764) et Anne (±1766). Marie Denise était la veuve de Gilles ALLAIN avec qui elle avait eu François (±1750). Lors du recensement, le couple avait deux enfants de moins de 16 ans.

François ALLAIN & Catherine HUART : Elisabeth (1776), Joseph (1781), Hélène (1788) et Pierre (1790). Lors du recensement, le couple avait seulement Elisabeth. Une vingtaine d’années plus tard, devenu veuf, François épousa Isabelle BERGERON et eut quatre autres enfants : François (1796), Louis (1798), Euphrosine (1800) et Brigitte (1803).

Jean CASTILLAN : Jean (1752). Le fils avait 25 ans. Voir les  articles (cliquer ce lien CASTILLON) sur leurs origines à Bidart, au Pays Basque, sur le site de Gen&O.

Louis DUNIS & Madeleine LAROQUE : Marie (±1755), Léon (±1758), Geneviève (1761), Madeleine (±1765) et Catherine (±1773). Lors du recensement, le couple avait quatre enfants à la maison, Marie étant déjà l’épouse de Bertrand DAROSBIL

 

Bertrand DAROSBIL & Marie DUNIS : Marie (1777), Pierre Bertrand (1779), Geneviève (1781), Léon Bertran (1783), Marguerite (±1785), Catherine (±1785), Hélaine (1790), Adrien (1792) et Isabelle Bertrand (1797). Lors du recensement, le couple avait seulement Marie, née en mars de la même année.

Mathieu BRASSEUR & Anne-Marie PITRE : Anne Théotiste (±1728), Pierre (±1731), Marguerite (±1733), Brigitte (±1735), François (±1737), Mathurin (±1739), François Xavier (±1741), Elisabeth Gertrude (±1745), Jean Baptiste (±1746), Marie Josephe (±1748) et Pélagie (±1752). Lors du recensement, le couple avait un garçon de plus de 16 ans à la maison. Ce pouvait être François Xavier qui épousa Louise Gautier en 1780.

    Marguerite LEBRETON, veuve René DUGUET en 1777 : Anne (±1729), François (±1734), Geneviève (±1737), Jacques (±1739), Jean Marie (±1746), Marie Josephe (1751), Pierre (±1753), Catherine (±1756) et René (±1757). Lors du recensement, la veuve avait un garçon de plus de 16 ans à la maison. Ce pouvait être René qui, plus tard, épousa Françoise Gallien.

Pierre DUGUET & Marie-Josephe BRASSEUR : Marie-Rose (1777), Christine (1779), Hilaire (1781), (?) Angélique (?) et Grégoire (1788). Le couple n’avait pas d’enfant lors du recensement.

Jacques DUGUET & Véronique CHAPADOS : Joseph (1773), Euphrosine (1776), Victoire (1778), Alexandre (1781), Rose (1783), Edouard (1788), Modeste (1790), Adélaïde (1792) et Hubert (±1795). Lors du recensement, le couple avait deux enfants de moins de 16 ans.

Jean-Marie DUGUET & Marie-Anne TAREAU : Marie Anne (±1769), Françoise (1773), Joseph (±1774),  Catherine (±1775), Henriette Anastasie (1776), Fabien (1778), Charle Marie ou Charlemagne (1781), Tranquille (±1784), Pierre (±1786),  François (1788), Esther (1790), Agathe (1793), et Lazare (1795). Lors du recensement, le couple avait cinq enfants de moins de 16 ans.

Marie-Josephe (ou Marguerite) GAUDET, veuve Pierre BRASSEUR en 1777 : Marie Josephe (± 1756), Joseph (1759), Luce (±1768), Isabelle (1770) et Pierre (±1777). Sa fille Marie Josephe était déjà l’épouse de Pierre DUGUET depuis 1776. Lors du recensement, la veuve avait cinq enfants à la maison. Ici, il manquerait un fille de plus de 16 ans. Peut-il s’agir de la soeur cadette de Pierre, Pélagie Brasseur, qui devait avoir environ 19 ans.

Mathurin BRASSEUR & Catherine DUGUET : Marguerite (±1770), Angélique (1773), Joseph Mathurin (1777), Emmanuel (1780) et Madeleine (±1785). Lors du recensement, le couple avait trois enfants de moins de 16 ans

Joannis CHAPADOS & Catherine LAROQUE : Jean Nicolas (±1741), Marguerite (±1742), Madeleine (±1744), Anne (±1747), Pierre André (1752), Véronique (±1755), Marie Jeanne (±1758), Anne (±1767) et Judith (±1770). Lors du recensement, le couple aurait eu leurs quatre derniers enfants à la maison.

Deux familles STEWART avaient cinq enfants chacune.  

Dans ce recensement, on indique qu’il y a 8 hommes de plus de 16 ans et 13 mineurs; 4 femmes ayant plus de 16 ans et 22 d’un âge mineur, pour un total de 47 personnes. On compte aussi 26 vaches et bœufs, 1 cheval et 4 moutons!

En 1778, selon Marcel Rioux dans son ouvrage Grande-Anse , il y aurait à Paspébiac 23 familles acadiennes à ce moment. Resteront-elles dans notre village?

 

La même année, en 1778, le comptoir de Charles Robin est pillé par des corsaires américains. Charles Robin sera contraint de fuir la région, n’y revenant qu’en 1783 pour reprendre ses activités. Des rumeurs circulent même voulant que les Acadiens se soient joints aux rebelles, comme le précise l’historien Christian Blais dans son article Pérégrinations et conquête du sol (1755-1836) : l’implantation acadienne sur la rive nord de la Baie-des-Chaleurs :

« […] d’autres racontars du genre font du chemin; c’est d’ailleurs pourquoi le juge Felix O’Hara est chargé de “take particular Care to inspect into the Authenticity of the Charge exhibited against Etienn Berthlot of Tracadigaich, Pierr Cotte of Bonaventure and Pierr Sire of Paspibiack Said to be aiding and assisting the American Privateers".» 

1784-1787 : arrivée et recensement des loyalistes

En 1784, à la suite de la signature du traité de Versailles, l’immigration anglophone prend un nouvel essor dans la région. Sous l’invitation du lieutenant-gouverneur Cox, des loyalistes d’origine anglaise, irlandaise et écossaise quittent les Treize Colonies américaines et s’installent dans le Petit-Paspébiac, aujourd’hui New Carlisle. Quelques-uns de ces loyalistes, comme les Brotherton, s’agrègent à la population de Paspébiac. Selon certaines sources, une partie des loyalistes de New Carlisle seraient partis pour Douglastown.

En plus des loyalistes, la rébellion des Treize Colonies provoquera la venue au pays de plus de 30 000 mercenaires allemands. Certains s’établissent à Paspébiac et y font souche. C’est le cas pour les ancêtres des familles Horth et Migkelhart (Anglehart), notamment! Plusieurs immigrants d’Écosse et d’Irlande accosteront également dans la baie des Chaleurs, entre autres à Paspébiac, fuyant la famine et les crises économiques qui sévissent au 18e siècle.

Étrangement, deux sources précisent qu’en 1784, il y a 23 ou 25 habitants à Paspébiac. Cela semble peu probable, puisqu’en 1777, il y avait 47 personnes! Une autre source mentionne plutôt qu’en 1784, il y a 23 familles acadiennes à Paspébiac (et non des personnes!), ce qui est beaucoup plus réaliste.

En 1787, plusieurs loyalistes sont bien établis à New Carlisle, comme l’indique ce plan de William Vondenvelden.

Détail du Plan of New Carlisle ou Little Paspibiac in the District of Gaspé, William Vondenvelden, 1787. Source : BAnQ, E21,S555,SS1,SSS23,PP.3C.

Acadiens et loyalistes : une cohabitation en dents de scie

L’historien Christian Blais relate les événements houleux liés à la concession des terres :

« L’arrivée de plusieurs familles loyalistes en Gaspésie, au cours de l’été de 1784, a pour effet de ramener rapidement à l’avant-scène la question de la propriété foncière. Plus exactement, tout commence lorsque le capitaine Justus Sherwood arrive dans la péninsule, l’année précédente, pour préparer l’établissement de ses congénères new-yorkais. Tel un conquérant, après avoir jugé que les terres de Bonaventure étaient déjà “bien peuplés” et celles de Tracadièche, “mauvaises pour la culture”, Sherwood exige que leur soient données les terres améliorées par les Acadiens dans l’établissement de Paspébiac. Étant d’avis qu’une telle éventualité ne pourrait se faire “without the greatest injustice”, Cox réussit à convaincre les loyalistes de s’établir à Little Paspibiac River, c’est-à-dire dans la ville actuelle de New Carlisle. Charles Robin, quant à lui, ne voulant pas être importuné par la trop grande proximité des loyalistes, fait également pression pour que les nouveaux venus s’installent à Petit-Paspébiac. Grâce à la bienveillance de Cox et, peut-être, à cause de l’obstination de Robin, les Acadiens n’ont pas été lésés par la venue des loyalistes. »
Image tirée de l’article de Michel Goudreau « L’arrivée des réfugiés loyalistes dans la Baie-des-Chaleurs », Magazine Gaspésie, 2014.

Pour sa part, voici ce que l’historien Michel Goudreau, dans son article L’arrivée des réfugiés loyalistes dans la Baie-des-Chaleurs, mentionne à ce sujet :

« Jusqu’en 1786, date à partir de laquelle les terres furent octroyées de façon régulière, la Couronne anglaise s’était chargée de subvenir à l’entretien des familles de loyalistes. On accorda des rations à chaque homme et à sa famille pour trois années. Le roi et la reine d’Angleterre firent davantage en fournissant aux loyalistes établis sur les bords de la baie des Chaleurs les instruments agricoles, les meubles, la literie, tous les biens qui leur étaient nécessaires. Ceux-ci se mirent bravement à l’œuvre et créèrent en peu de temps des établissements qui ne tardèrent pas à prospérer. Ce sont les descendants de ces familles de loyalistes que l’on retrouve encore aujourd’hui sur les bords de la Ristigouche et de la baie des Chaleurs. Pendant de longues années, ils formèrent la majeure partie de la population établie dans tout le comté de Bonaventure. »
Sur ce plan du village de Paspébiac figurent une partie du canton Cox, la baie des Chaleurs, le banc de Paspébiac, le barachois, le numéro des lots, le marais, la plage, la zone de pêche et le nom de 29 propriétaires. Source : BAnQ, E21,S555,SS1,SSS23,PP.3B.

Selon les recherches de Lucie Delarosbil, voici les habitants de chacun de ces lots :

Widow Chappatot : Catherine Laroc, la fille de François (Marguerite Capelan) et la veuve de Joannis Chapado, originaire du Pays basque. Mariage vers 1738. À noter que le terrain précédent, situé à Hopetown, était désigné à Léon Roussi, le beau-fils de feu Joannis, devenu veuf d’Anne Chapado (1re) vers 1786.

Baptiste Engelhart : Jean Baptiste, originaire d’Allemagne, le futur époux d’Anne Chapado (2e), fille de feu Joannis. Mariage le 3 juillet 1787.

James Duguay : Jacques, le fils de feu René Duguet (Marguerite Lebreton), originaire du Pays basque, et l’époux de Véronique Chapado, fille de feu Joannis. Mariage vers 1773.

John Chappatot : Jean-Nicolas, le fils de feu Joannis et l’époux de Marie Josephte Brasseur, fille de feu Mathieu et Anne Marie Pitre, de l’Acadie. Mariage vers 1772.

Francis Lebrafseur : François Xavier Brasseur, le fils de feu Mathieu et l’époux de Louise Gauthier, fille de Joseph et Marguerite Bujold de Bonaventure. Mariage le 29 mars 1780.

Peter Lebrafseur : Pierre Brasseur, le fils de feu Mathieu et l’époux de Marguerite Gaudet de l’Acadie. Mariage le 20 août 1753 à Port Lajoie.

    Francis Huard : François, le fils de feu François Huart (Geneviève Duguet) et le futur époux d’Henriette Anastasie Duguet, fille de Jean Marie et Marie Anne Tareau. Mariage le 16 août 1795.

Peter Duguay : Pierre, le fils de feu René et l’époux de Marie Josephte Brasseur, fille de Pierre. Mariage le 23 septembre 1776. Second mariage vers 1791 avec Catherine Lanteigne, fille de Louis et Marguerite Chapado.

John Huard : Jean, le fils de feu François et l’époux de Madeleine Dunis, fille de Louis et Madeleine Laroc. Mariage le 24 janvier 1784.

Joseph Huard : le fils de feu François et le futur époux de Marguerite Lanteigne, fille de Louis et Marguerite Chapado. Mariage vers 1792.

    Joseph Lebrafseur : le fils de Pierre Brasseur et l’époux de Marie Josephte Huart, fille de feu François. Mariage vers 1785.

Joinifse Castilien : Joannis Castillou, originaire du Pays basque, le fils de (feu?) Jean Castillon (Marie d’Etcheberry) et l’époux de Marie Jeanne Chapado, fille de feu Joannis. Mariage le 29 mars 1780.

James Huard jun.r : Jacques, le fils de Jacques et d’Anne Duguet et le futur époux de Judith Chapado, fille de feu Joannis. Mariage le 21 avril 1788.

Bertrant Darusbile : Bertrand Darrosbile, originaire du Pays basque, le fils de Bertrand (Marie Larralde) et l’époux de Marie Dunis, fille de Louis et Madeleine Laroc. Mariage vers 1776.

    Leon Dunis jnr : le fils de Louis et le futur époux de Marguerite Brasseur, fille de Mathurin et Catherine Thérèse Duguet. Mariage le 26 novembre 1787.

    Captain Duny : Louis Dunis, le second époux de Madeleine Laroc, fille de feu François. Mariage vers 1754.

John Mallet : Jean Mallet, le fils de François (Madeleine Laroc) et l’époux de Marie Josephte Duguet, fille de feu René. Mariage vers 1772.

Possiblement le terrain d’une église

Rene Duguay : le fils de feu René Duguet et l’époux de Françoise Gallien, fille de Pierre et Angélique Giraud de Caraquet. Mariage le 14 mai 1784.

Mathew Lebrafseur : Mathurin Brasseur, le fils de feu Mathieu et l’époux de Catherine Thérèse Duguet, fille de feu René. Mariage vers 1771.

Louis de Lantinguin : le fils de Louis (Marguerite Chapado) et le futur époux de Luce Brasseur, fille de Pierre. Mariage le 26 novembre 1787.

J.n Marie Duguay : Jean Marie, le fils de feu René et l’époux de Marie-Anne Tareau, fille de Olivier et Agathe Laîné de Québec. Mariage le 17 octobre 1768.

Joseph Duguay : le fils (env. 16 ans) de Jean Marie Duguet et le futur époux d’Hélène Boulet, fille de François et de Françoise Rousseau. Mariage le 10 octobre 1796.

Charles Robin, Pipon & C.o 50 Acres, 5 in front by 10 in depth, un terrain cinq fois plus large que les autres qui devaient mesurer environ 1 acre de front.

    Francis Allain : François Alain, le fils de Gilles (Agnès Rousseau) et l’époux de Catherine Huart, fille de feu François. Mariage le 23 septembre 1776. Second mariage le 16 août 1795 avec Isabelle Bergeron, fille de Pierre et Geneviève Poitevin de Miramichi.

    James Huard Sen.r : Jacques, le fils de Pierre Huart (Catherine Capelan) et l’époux d’Anne Duguet, la fille de feu René. Mariage vers 1765.

Louis Huard jun.r : le fils (15 ans) de Jacques et d’Anne Duguet et le futur époux de Geneviève Darosbile, fille de Bertrand. Mariage le 15 août 1797.

    Robert Loisel : le fils de Robert Loiselle (Julienne Lava) et l’époux d’Anne Elisabeth Roussi, fille de Pierre Léon et de feu Anne Chapados. Mariage vers 1784.

Terrain vacant

Enfin, en 1789, Louis Dunys, ancêtre de tous les Denis de Paspébiac et des alentours, signe ce document énumérant les membres de la « Rolle de la Compagnie de Paspébiac », qui est composée de plusieurs noms bien connus. On y constate la création d’une petite milice bien organisée comportant un capitaine (Louis Dunys), un lieutenant (Jean Chapados), un deuxième lieutenant (Kempfer), des enseignes, un sergent, des caporaux, des tambours et des soldats. Et on voit une exemption : Charles Robin, esq.!

1811

Monseigneur Plessis, dans ses voyages de 1811, observe que les premiers habitants de Paspébiac étaient liés [génétiquement] aux Autochtones. L’extrait qui suit présente les propos plutôt discriminatoires relatés dans ses voyages.

Dans son Journal de deux voyages apostoliques dans le golfe Saint-Laurent et les provinces d’en bas, en 1811 et 1812, en parlant des habitants de Caraquet, Plessis mentionne que les habitants du bas de la paroisse de Caraquet sont « plus exposés à sortir et à entretenir des relations avec ceux de Paspébiac ».

1814

Comme le relève Lucie Delarosbil dans son article Sauvages et sauvagesses, deux actes de baptêmes datés du 27 mars 1814 témoignent d’une présence mi’gmaq à Paspébiac :

« Le Vingt sept Mars mil huit / cent quatorze par nous prêtre mission / naire Soussigné a été baptisée Marie / née le vingt deux du présent mois de / parents sauvages inconnus - parain / jean Laroque - maraine Marie / Magdeleine Sauvagesse qui n’ont / sçu signer. // Al : Leclerc : Ptre ». Dans la marge, on avait écrit : « B: 10 / Marie / illégitime ». Nul patronyme. Nul toponyme. Dans l’extrait, des parents inconnus, identifiés comme « sauvages ». Une marraine « sauvagesse », comme la petite fille, sa filleule; ses deux prénoms : Marie Magdelaine. Puis, un seul nom complet : Jean Laroque, le parrain.

1825

Un autre recensement important pour la région est celui du Bas-Canada de 1825. Dans celui-ci, plusieurs familles paspéyas sont nommées :

Dans ce recensement, la plupart des familles pionnières de Paspébiac sont présentes : les Huard, Chapados, Anglehart, Duguay, Lamy et Lebrasseur, pour n’en nommer que quelques-unes!

1831

En 1831, un recensement nomme un grand nombre de Paspéyas dont les graphies sont plus variées d’une famille à l’autre. Voici d’ailleurs celles que Lucie Delarosbil relève :

« Lesbosel, Loisel et Loisell pour Loiselle de l’époque devenu depuis le temps Loisel. Blay et Blaze pour Blais. Josett et Joset pour Joseph. Homes pour Holmes. Whitam pour Whittom. Huard et Huor pour Huart de l’époque devenu depuis le temps Huard. Lantain pour Lantin devenu Lanteigne. Grenie pour Grenier ou Garnier devenu Grenier. Brasure pour Brasseur de l’époque devenu depuis le temps Lebrasseur. Castieu pour Castillon ou Castillou devenu Castilloux. Dugay pour Duguet ou Dugué devenu Duguay. Robisvile et LeRosbie pour Darrosbile ou Larosbile de l’époque devenu depuis le temps Delarosbil. Langley et Langly pour Langlois. Anglehart pour Angleart devenu Anglehart. Denis pour Denys, Duny ou Dunis devenu Denis. Chapedeau pour Chapeaudeau ou Chapadeau devenu Chapados. Paresey et Parisey pour Parisé. LeMie pour Lamy. Rusie pour Rousi ou Roussi devenu Roussy. LeRock pour Laroc ou Laroque devenu Larocque. Terio pour Thériault. Aubey pour Aubut. Deresh pour Dereche, Deresche ou Deraiche devenu Daraiche. Allin pour Allain. Budrie pour Beaudry. »

1850

Au milieu du 19e siècle, les Jersiais étaient nombreux en Gaspésie, et leur langue, le jèrriais, était parlée couramment, principalement de Rivière-au-Renard jusqu’à Paspébiac. Selon John P. Le Garignon, la langue était parlée jusqu’en 1964 en Gaspésie. Toutefois, à partir de 1930, peu de Jersiais arrivent en Gaspésie, ce qui ne favorisera pas la transmission de la langue. (Tony Le Sauteur, 1983)

1859

Selon l’ouvrage La France aux colonies : études sur le développement de la race française hors de l’Europe de 1859, le canton de Cox compterait 648 personnes acadiennes sur 1 693. Le canton de Hope, juste à côté de nous, en comporterait 521 sur 1 107.

1864

En 1864, dans une édition de The British American magazine, le voyageur qui narre ce récit s’arrête à Paspébiac à bord d’un bateau à vapeur, où il voit un Mi’gmaq en canot amener des homards qu’il vendait peu cher. C’est ainsi dire que les Mi’gmaq sont toujours présents dans les environs de Paspébiac, même si la plupart d’entre eux habitent plutôt la « mission » de Maria, aujourd’hui Gesgapegiag.

1881

Dans le Recensement du Canada de 1881, plusieurs groupes ethniques se trouvent à Paspébiac :

Recensement du Canada du Canada, 1880-1881.

Également, une grande partie de la population de Paspébiac recensée en 1881 est née à l’extérieur du Québec!

  • 22 Autochtones
  • 36 Irlandais
  • 6 Scandinaves
  • 70 Écossais
  • 142 Anglais
  • 1292 Français

En 1881, à Paspébiac :

  • 8 personnes sont nées en Angleterre/pays de Galles;
  • 2 sont nées en Irlande;
  • 2 sont nées en Écosse;
  • 3 sont nées à l’île du Prince-Édouard;
  • 2 sont nées en Nouvelle-Écosse;
  • 9 sont nées au Nouveau-Brunswick;
  • 1 490 sont nées au Québec;
  • 45 sont nées aux îles de la Manche (îles anglo-normandes);
  • 1 est née en France;
  • 1 est née au Danemark;
  • 5 sont nées aux États-Unis.

1891

Le Recensement de 1891 apporte un certain lot d’informations fort pertinentes, dont l’évolution démographique de la population. On voit ainsi que la population passe de 1 422 en 1871 à environ 1 700 personnes en 1891 (populations de Paspébiac et de Paspébiac-Ouest).

On apprend par ce recensement que la moyenne d’enfants par famille à Paspébiac-Est est alors de 5,9, et celle de Paspébiac-Ouest, de 5,3!

Ainsi, à la fin du siècle, la population de Paspébiac oscille entre 1 700 et 2 000 personnes.

20e siècle

Le déclin des pêcheries au courant du 20e siècle amène une bonne partie de la population gaspésienne à se tourner vers l’agriculture. À ce moment, la culture du sol fait l’objet d’une grande promotion, car le gouvernement québécois ouvre des terres à la colonisation. Des Canadiens français, attirés par ces politiques de colonisation, se greffent aux Paspéyas.

La Première Guerre mondiale attirera enfin une deuxième vague d’immigrants arrivant directement de France. On peut penser par exemple aux pionniers Labourdette, Fourcaudot et Plusquellec, entre autres.

Aujourd’hui, l’héritage de Paspébiac est marqué par cette diversité démographique. 

1900

Afin de mettre en place des incitatifs de colonisation, le gouvernement du Québec offre en 1900 à tous ceux qui voudront s’installer en Gaspésie des lots de 40 et de 80 hectares de terre entre Paspébiac et Port-Daniel. Également, sur chaque lot, le gouvernement se propose de fournir une maisonnette de 16 pieds sur 20 pieds, avec 4 fenêtres et une étable! Le colon peut ainsi décider s’il prend un loyer ou décide de devenir propriétaire. (Dans La province de Québec, un ouvrage publié par le département de l’agriculture de la province de Québec en 1900)

D’ailleurs, dans les Documents de la session de la Puissance du Canada-1900 (Volume 34, no 10, Documents de la session no 12-13), on peut lire qu’une colonie est en développement à Paspébiac, et qu’un agent de colonisation souhaite activement faire venir des citoyens de France et de Belgique pour venir coloniser l’arrière-pays.

Le souhait de développer un port d’hiver à Paspébiac n’aboutira malheureusement pas. On comptait bien sur cette initiative pour rester en communication directe avec les vieux ports français et ainsi favoriser l’établissement de communautés francophones dans la région.

1901
Recensement du Canada, 1901.

En 1901, on compte à Paspébiac 309 familles, dont :

  • 82 Anglais
  • 24 Irlandais
  • 38 Écossais
  • 1 615 Français
1911

En 1911, on compte à Paspébiac les nationalités suivantes :

  • 240 Anglais
  • 2 Écossais
  • 4 autres
  • 1 747 Français

La même année, en 1911, un orphelinat agricole est créé à Paspébiac à l’initiative de l’abbé Cramillon et d’une dénommée Marie Prévostal, tous deux venus directement de France. Doté d’une ferme, cet orphelinat a pour but d’accueillir « des jeunes garçons de France, qui deviendront des colons efficients à Gaspé et Bonaventure ».

1914

Paspébiac est officiellement scindée en deux en 1922, formant les municipalités de Paspébiac et de Paspébiac-Ouest. Zénon Fulham, un citoyen de Paspébiac, jugeant que les taxes sont trop élevées à Paspébiac, recueille la signature de plusieurs concitoyens et présente ses doléances aux autorités gouvernementales en 1914.

1921-1922

Dans le Recensement de 1921, il y a 2 110 personnes à Paspébiac. Un an plus tard, Paspébiac est officiellement scindée en deux, formant les municipalités de Paspébiac et de Paspébiac-Ouest. En effet, on doit la création de ces territoires à l’initiative de 1914 de Zénon Fulham, laquelle finit par être acceptée par les autorités.

1931

Dans le Recensement de 1931, les populations des municipalités de Paspébiac et de Paspébiac-Ouest combinées s’élèvent à 2 394 personnes. On constate que plusieurs citoyens s’attachent vraisemblablement au fait canadien, puisqu’on peut lire les origines suivantes pour la population :

  • 179 Anglais;
  • Aucun Irlandais;
  • 3 Écossais (à Paspébiac-Ouest);
  • 2 112 Français (Canadiens français).
1937

En 1937, dans le Recensement agricole, les origines sont limitées aux nationalités britannique et française.

Toutefois, très près de nous, à Hope, 10 personnes sont originaires d’ailleurs, et ce nombre s’élève à 49 à Gascons!

1951-1966

Dans le Recensement de 1951, on trouve un tableau présentant l’évolution de la population entre 1871 et 1951 :

  • 1871 : 2 845
  • 1881 : 1 568
  • 1891 : 1 749
  • 1901 : 1 759
  • 1911 : 1 994
  • 1921 : 2 110
  • 1931 : 2 394 (Paspébiac et Paspébiac-Ouest)
  • 1941 : 2 757 (Paspébiac et Paspébiac-Ouest)
  • 1951 : 3 216 (Paspébiac et Paspébiac-Ouest)

Par ailleurs, comme le recense le tableau suivant, la population de Paspébiac est assez jeune à ce moment.

Entre 1951 et 1961, la population décroît légèrement.

Entre 1961 et 1966, la population demeure stable.

1971

Fascinant! À Paspébiac, en 1971, le recensement dénote :

  • 170 Britanniques (et Jersiais);
  • 3 435 Français (Canadiens français);
  • 20 Allemands (!);
  • 10 Ukrainiens;
  • 20 Inconnus.

De plus, il y a, cette année-là, 2 953 personnes à Paspébiac et 714 personnes à Paspébiac-Ouest.

1976

De 1971 à 1976, la population augmente légèrement à Paspébiac, passant de 2 953 à 3 167. À Paspébiac-Ouest, trois personnes se rajoutent.

1981

En 1981, il y a 3 292 personnes à Paspébiac et 797 personnes à Paspébiac-Ouest.

1986

En 1986, la population commence à décroître. Il y a 3 070 personnes à Paspébiac et 749 personnes à Paspébiac-Ouest.

1991

En 1991, il y a 3 040 personnes à Paspébiac et 735 personnes à Paspébiac-Ouest.

À Paspébiac, 70 personnes ont l’anglais pour langue maternelle, et 2 965 parlent français. À Paspébiac-Ouest, sur les 735 personnes, 715 ont le français pour langue maternelle, contre 20 qui sont anglophones.

1996

Entre 1991 et 1996, la diminution de la population continue. Il y a une diminution de −2,4 % de personnes à Paspébiac et de −3,7 % à Paspébiac-Ouest.