Description
L’église anglicane de Paspébiac est un bâtiment à un étage, à versants droits, à pignon haut, avec retour de corniche. Il s’agit de la seconde église anglicane connue à Paspébiac. On estime sa construction entre 1948 et 1949. Elle se situe sur un terrain comprenant le cimetière St. Peter’s, le même site correspondant aux églises anglicanes antérieures. Elle fait partie plus largement du diocèse anglican de Québec.
Située en retrait de la route, mais au centre du lot, elle est bordée par la rue du Banc qui descend au Site historique national de Paspébiac. Cet arrondissement est cité comme « aire patrimoniale et touristique » par la Ville de Paspébiac en 2003. En 2009, la Ville crée un nouveau quartier, le Vieux-Paspébiac, pour encercler son noyau villageois.
Le bâtiment a servi à des fins sacrées jusqu’en 1989, moment de sa désacralisation. Il a été vendu à la Ville de Paspébiac en 1990, reconverti la même année en bibliothèque, puis inauguré en octobre 1991. En 2018, le sous-sol est aménagé en joujouthèque.
Des vitraux ornent ses fenestrations originales. Ces vitraux, qui ont été donnés à l’église en 1952, ont été restaurés en 2001 par l’artiste Denise McInnis.
Ce bien immobilier a été inventorié par la Ville à titre de patrimoine bâti significatif. Il a été mentionné dans un important inventaire du patrimoine immobilier réalisé en 1990 par Claude Bergeron et Gino Gariépy, ainsi que dans l’Inventaire du patrimoine architectural de la Gaspésie réalisé en 1997.
Détails architecturaux
La St. Peter’s Anglican Church a été construite entre 1948 et 1949 sous les plans et la supervision de l’architecte Linden Bouillon sur le site de la première église anglicane (1822-1942). De forme rectangulaire (plan de base en L), le bâtiment est de style vernaculaire gaspésien d’influence néogothique.
Le bâtiment d’un étage avec sous-sol et mezzanine est coiffé d’un toit à deux versants droits à pignon haut, avec retour de corniche. Son revêtement est de maçonnerie de briques, et le toit est recouvert de bardeau d’asphalte. Selon l’inventaire du patrimoine immobilier de 1990, la toiture était recouverte de pièces de tôle posées horizontalement. L’entrée principale est localisée sur le côté, ce qui est typique des églises anglicanes. Le fronton du portique d’entrée est surmonté d’un œil-de-bœuf (oculus). Des escaliers et des rampes de bois ont été ajoutés à toutes les entrées.
Les fenêtres principales possèdent des arcs plats surmontés de briques en soldat comme garniture de tête.
Des vitraux contribuent au cachet particulier de l’édifice. Ils ont été conçus par Casavant Frères de Saint-Hyacinthe, puis offerts à l’église en 1952 par monsieur Eugène A. A. Bouillon, à la mémoire de son épouse, de leurs filles et de leur fils. Pour en assurer la conservation, des travaux de restauration ont été confiés au Studio Verres Libres de Port-Daniel. Ces travaux ont été exécutés en avril 2001 par les artistes verriers Marc Sarrazin de Knowlton (Estrie) et Denise McInnis, propriétaire du studio.
Valeur patrimoniale
Le bâtiment présente un intérêt patrimonial d’abord pour sa valeur architecturale intéressante. En effet, l’Inventaire du patrimoine architectural de la Gaspésie de 1997 mentionne qu’il s’agit d’un bâtiment au style architectural vernaculaire gaspésien d’influence néogothique lambrissé de briques, ce qui est plutôt inédit en Gaspésie, les églises anglicanes arborant plutôt un parement de lattes de bois.
L’église anglicane présente aussi un intérêt patrimonial pour sa valeur historique. En outre, le bâtiment témoigne d’abord de l’établissement de l’Église anglicane en territoire gaspésien. Dans le cas de Paspébiac, cette présence est corrélée avec l’implantation de la compagnie Robin sur le barachois de Paspébiac, qui s’y établit officiellement en 1767. Celle-ci se dote d’un chantier maritime en 1792 au même endroit et engage pour l’ensemble de ses activités navales et de transformation des travailleurs saisonniers en provenance des îles anglo-normandes, et particulièrement de l’île Jersey, où l’Église anglicane attire plusieurs fidèles. Ainsi, chaque année, une importante main-d’œuvre spécialisée en charpenterie de navire, en tonnellerie, etc., largue les amarres à Paspébiac pendant la saison de la pêche, puis une bonne partie repart l’automne venu. Également, l’arrivée massive de loyalistes en 1784 occasionne une montée fulgurante de la confession anglicane. Une multitude d’églises anglicanes sont érigées en Gaspésie vers les années 1820, en même temps que l’église St. Peter’s : St. Paul’s de Gaspé, St. Peter’s de Malbay, Christ Church de Percé et St. Andrew’s de New Carlisle, cimentant la vie religieuse de cette communauté.
L’église anglicane présente aussi un intérêt patrimonial pour ses valeurs paysagère et environnementale reposant sur le site de son implantation. D’abord, il s’agit vraisemblablement du site où il y aurait eu une église dès 1765, tout comme du site où la première église aurait été érigée. De manière certaine, il y aurait eu une occupation anglicane sur ce terrain sans arrêt depuis 1822. Le seul bâtiment connu avant la construction de l’actuelle église est cependant l’église de 1822, incendiée en 1942. Par ailleurs, selon une inscription figurant sur les fondations de l’actuelle église, celle-ci est érigée sur le même site que la première église en 1822. Le bâtiment est situé en retrait de la voie publique et à proximité de son cimetière. Ces éléments forment le noyau religieux de la paroisse de St. Peter’s, également constitué d’un ensemble architectural plus large comprenant les sept maisons des gérants et commis anglo-normands, le Site historique national de Paspébiac ainsi que la Ferme Robin. Le bâtiment se trouvait jadis cerné par la douane, l’ancien magasin général (1906-1959) et un ensemble d’institutions liées au commerce des pêches gaspésiennes. L’église est située dans le centre-ville de Paspébiac, également considéré comme le Vieux-Paspébiac, zone protégée. La localisation de l’église près de la baie des Chaleurs contribue également à son intérêt.
Le bâtiment a fait l’objet d’une étude patrimoniale en 1990 sous forme de fiche (234) par Bergeron et Gariépy. Sa valeur patrimoniale a alors été évaluée comme forte. Dans l’Inventaire du patrimoine architectural de la Gaspésie de 1997, la valeur didactique, la qualité architecturale et l’état de conservation sont excellentes. On y mentionne aussi qu’il s’agit de la seule église de ce type de maçonnerie sur le territoire gaspésien. D’ailleurs, plusieurs églises gaspésiennes font partie des plus vieilles églises de la communauté anglicane du diocèse de Québec.
Informations historiques
Les travaux de construction de l’église seront dirigés par l’architecte Linden Bouillon de Paspébiac, fils du gérant général de la compagnie Robin, Jones & Whitman, ainsi que par Eugène Auguste Bouillon, et Zénon Fulham sera le briqueteur. La première célébration funéraire a été celle d’Alexander Brotherton. Certaines sources mentionnent la date de 1949 pour la consécration, voire 1952.
Dans le cadre de la consécration de cette église, Eugène A. Bouillon offre des vitraux à l’église en mémoire de son épouse et de ses enfants. Sur ceux-ci, on peut voir l’inscription « A-M-D-G; and in loving memory of Elizabeth Jane Bisson, wife of Eugène A. Bouillon (1942) and of their daughters, Leila Eugenie May (1932) and Sybil Mary (1897) and of their son Eugene Harold (1892) ». Ces vitraux ont été fabriqués par Casavant Frères de Saint-Hyacinthe et ont été installés en 1952.
Au fil des années, la diminution du nombre de pratiquants de confession anglicane se fait sentir. En 1989, l’église St. Peter’s ne dessert plus qu’environ une trentaine de personnes. Elle ferme alors ses portes. La dernière célébration funéraire est celle de Louise Pillenière; le dernier mariage est celui de M. et Mme Glen LeGrand. Le dernier célébrant est le révérend Blair Ross.
Deux citoyens de Paspébiac, messieurs Peter Legros et Georges Legrand, sont désignés pour procéder à la vente de l’édifice et du terrain. Un droit de passage est maintenu pour permettre l’accès au cimetière situé en arrière de la bâtisse. D’ailleurs, la bibliothèque est dépositaire d’une clé qu’elle remet aux visiteurs qui veulent s’y rendre.
En 1990, le bâtiment est vendu à la Ville de Paspébiac, qui procède à sa transformation et à son aménagement en bibliothèque municipale. Le projet d’installation de la bibliothèque dans l’ancienne église se fera sous l’égide du programme BEC (bibliothèques en construction), géré par le Centre régional de services aux bibliothèques publiques Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine. Le vendeur a conservé de l’église les bancs, l’autel et les divers objets de culte. Ces biens ont été partagés entre les églises anglicanes de Hope Town, de New Carlisle et de New Richmond.
Le 27 octobre 1991 se déroule l’inauguration officielle de la bibliothèque. En 1996, on inaugure la salle d’exposition et d’animation, au sous-sol du bâtiment, dans laquelle se déroulent plusieurs activités culturelles. En 2000, des travaux de réfection des fenêtres et des galeries sont effectués.
Puis, en 2001, les vitraux sont restaurés par les vitriers Denise McInnis de Port-Daniel ainsi que Marc Sarrazin. En 2003, on procède à l’aménagement d’un parc de lecture à l’extérieur.
Références